La Belgique est le pays du surréalisme et de l’autodérision. Vous avez besoin d’un exemple pour étayer cette affirmation ? Au plein coeur de Bruxelles, au milieu de sièges, de bâtiments administratifs et d’institutions politiques, se trouvent le Kafka. Ce dernier – nullement indiqué par un quelconque panneau ou écriteau – est entièrement dédié à … la simplification administrative. Eh oui ! Chaque citoyen.ne a l’opportunité de pousser les imposantes portes blanches en bois en guise d’entrée afin d’y proposer des pistes qui permettraient de rendre plus facile certaines démarches citoyennes. De larges grilles sont disposées devant toutes les hautes fenêtres du rez-de-chaussée, rehaussant l’aspect chaleureux et attrayant de cette bâtisse d’Etat. Si d’aventure vous comptiez vous y rendre, n’oubliez pas d’adresser un large sourire à la caméra qui vous observe, un mètre plus haut, sur votre droite. Et puis, afin d’éviter toute mauvaise surprise à votre retour de périple en tant qu’habitant.e modèle, n’oubliez pas non plus de nourrir de quelques pièces le parcmètre vert situé sur le trottoir, toujours sur votre droite, quelques pas plus loin. Toujours à droite. Tiens, tiens. Sans oublier ce lampadaire, stylisé, peint dans les tons verdâtres et témoin d’une époque révolue, qui propose la nuit tombée un peu de lumière dans cette rue aseptisée. Les esprits tordus diront que la lumière vient de la gauche, mais ce ne serait que vue de l’esprit.
Kafka, c’est aussi un restaurant situé à Ostende, à la côte belge. En d’autres termes, à un jet de pierre de la mer du Nord. Il faut croire qu’au plat pays, lorsque le nom de cet écrivain est donné à un bâtiment, il est de bon ton de rester sobre quant à la devanture. Le lieu est construit de briques jaunes et est doté de quatre ouvertures rectangulaires de tailles identiques, avoisinant les deux mètres. Ce sont des fenêtres décorées de quelques écriteaux qui occupent les deux premiers espaces ainsi que le dernier, protégées chacune par une barre métallique accrochée au mur. Entre ces espaces, un renfoncement muni d’une grille métallique noire permet d’accéder à l’intérieur du restaurant. Devant la façade, sur le trottoir muni de pavés gris, reposent deux plantes vertes posées dans des pots rouges. Les seules véritables touches de couleur.
On reste dans le nord de la Belgique, dans la province du Limbourg, où Kafka prête cette fois-ci son nom à une taverne qui se veut familiale. Derrière un large saule pleureur se situe un bâtiment en briques rouges, tout en longueur. Deux tonnelles carrées à toile blanche sont disposées devant la façade, agencées de part et d’autre de l’entrée du bâtiment. Elle abritent des mange-debout, un bar en bois ainsi que quelques tables et bancs mis à disposition afin de se chatouiller le gosier. Des tables et des chaises sont également disposées au soleil, pour celles et ceux qui souhaiteraient faire le plein de vitamines D. Cet espace de restauration est délimité du trottoir par des grilles métalliques noires, d’une hauteur d’environ un mètre, entrecoupées de poteaux de briques blanches et dont la base en peinte en noir. Les grilles sont ouvertes, synonyme que tout.e un.e chacun.e est le ou la bienvenu.e afin de se changer les idées ou de faire une petite pause. Sur le trottoir, deux dames d’un certain âge, dont une marche à côté de son vélo, semblent discuter et faire un bout de chemin ensemble. Le quotidien d’un village, en instant volé.
Surréalisme et auto-dérision, dis-tu ?
Merci pour ton texte aussi détaillé qu’amusant !
Merci pour ton passage 🙂
Et bien on retrouve l’humour de Kafka dans ces textes proche d’ailleurs de celui des belges maintenant que j’y pense …
On doit retrouver ça dans notre ADN, caché quelque part… Merci pour le retour!