Se sentir comme une verrue à en faire des insomnies dans ce quartier haussmanien désormais dévolue à la vie de bureau. Se lever à la nuit lui piquer une cigarette et se planter derrière la verrière face à des tableaux de Hopper où l’on aurait glissé des écrans 24 pouces et repeint les murs en blanc. Piles de dossiers au repos, chaises roulantes écartées des bureaux en attente de leur costume cravate attitré, porte d’armoire métallique restée ouvertes dans la précipitation du départ. A 8 heures du matin la bouche de métro Miromesnil va vomir une foule de ces bons petits soldats cravatés mais à six heures, dans la nuit encore, arrivent les femmes noires qu’on ne voit jamais ici le jour déambulant chiffon à la main aspirateur à la traine comme un long tuyau d’Alien qui les relie à leur sort. Au couchant, les 7eme et 8eme sous les toits s’animent, de drôles de félins s’échappent des chiens assis de leurs chambres de bonne, des félins blancs de peau et jeunes en âges qui bouteille à la main escaladent les rambardes et les toitures, passent de l’une à l’autre pour se réunir, contournent les cheminées et retournent s’engouffrer dans la gueule des chiens chercher un sac de chips ou une boite d’olives, du pain et du vin, des barquettes de jambon oubliés, et enfin remonter la musique ce que personne ne remarque dans ce désert excepté la verrue qui fume sa cigarette derrière la verrière et tremble pour eux. Ils boivent trop. Elle hésite à appeler les flics pour protéger d’eux-mêmes ces adorables petits cons y renoncent pour sauver leur nuit de griserie repense à ses propres nuits de jeunesse sur des toits où elle allait se rouler dans la neige finalement va se recoucher de peur d’assister à une chute mortelle quand bien imbibés leurs escalades se font plus chancelantes.
Merci pour cet écrit témoignage dont on sent l’amertume.
Merci de votre lecture, Emmanuel
Très vivant, mouvant, rampant.
Merci Marion d’être passée par ici