« The sky was all purple
There were people runnin’ everywhere
Tryin’ to run from the destruction
War is all around us, my mind says prepare to fight
So if I gotta die I’m gonna listen to my body tonight
So tonight I’m gonna party like it’s 1999 »
Prince « 1999 »
Celui qui sort des toilettes du septième en rajustant ses bretelles. Celle qui termine sa réussite sur un coin de bureau. Celui qui graisse son fusil et s’en met plein les mains. Celui qui se surpasse à Tetris. Celle qui fume sa cigarette en observant son reflet dans la vitre. Celui qui s’endort devant les écrans de surveillance. Celui qui sort une bouteille de prune de l’armoire des vestiaires. Celle qui fixe des croix de scotch sur les fenêtres du troisième. Celui qui rajuste son képi. Celui qui rajuste ses épaulettes. Celui qui remplit son pistolet de balles neuves. Celui qui sonne au portique du rez-de-chaussée. Celle qui ne supporte plus les nouvelles et éteint la télévision. Celui qui arrose les plantes desséchées du grand hall. Ceux qui arpentent le toit en tenue camouflage. Celui qui installe le modem 56k. Celle qui lit l’avenir dans le marc de café. Celui qui déballe le jambon reçu de la campagne. Celui qui guette la menace dans le ciel de nuit. Celui qui transmet l’appel du ministre. Celui qui se fait un sang d’encre. Celle qui ne dort plus. Celui qui ne mange plus. Celui qui a perdu le compte des jours. Celle qui se nourrit de pilules. Celle qui croit à la victoire – celui qui n’y croit plus. Celui qui s’empoussière dans son cadre officiel. Celui qui rêve de champ de bataille. Celui qui se tord le ventre de peur. Celui qui s’empiffre de chocolat. Celle qui s’endort sur sa grille de mots croisés. Celui qui chante dans le bureau vide. Celui qui cire ses rangers. Celle qui lit « Život način uporabe ». Celui qui passe en revue la patrouille de minuit. Celle qui analyse le rapport terrifiant de la veille. Celui qui reçoit un télex. Celui qui décroche le téléphone une seconde avant.
Saisissant. Merci Xavier.