La tête penchée sur l’écran du téléphone il vise, sa flèche frôle la fleur de prunier et va se ficher dans le tronc, raté, une fois de trop, l’écran clignote, il redescend au niveau deux, va falloir tout recommencer, putain de jeu, il fait quelques pas sur l’allée, le Gardien sort de l’échoppe de l’oiseleur, l’aperçoit plus loin, ce gosse pourrait pas rester en place ? viens là, reviens, ils avancent l’un et l’autre, se rejoignent devant la boutique du confiseur, tu pouvais pas rester là-bas comme j’t’avais dit, m’attendre devant le marchand d’oiseaux, énervé le Gardien essaie de calmer sa voix de détendre son visage, il faut rester lisse sous l’œil des caméras de surveillance, marcher tranquillement, comme deux passants anodins qui avancent à présent sur l’allée centrale du marché alors que les primeurs bradent leurs fruits trop murs et que les poissonniers balaient l’eau gluante écoulée de leurs étals, deux silhouettes qui se mêlent à la foule remontant vers l’esplanade à la fin du marché, deux points fondus dans le fourmillement général, stroboscopique, qui se déplace par micro-secousses sur les images satellite où Long Mercy Camp n’est plus qu’un rectangle pâle, plat, dans un foisonnement de gratte-ciels dont on aperçoit quelques ombres portées sur la surface bleue de la mer.
Bonjour Muriel,
embarquée par cette microfiction où le recul sert à disparaître, dans une ambiance où l’on préfèrerait ne pas être sorti du jeu, whaou… et tout ça en quelques lignes, j’admire !
Merci d’avoir embarqué Catherine et d’avoir pris le temps de ce retour, à très vite dans ce chemin