Il y a ce premier refuge parisien, ce studio emprunté au sol recouvert d’une mince moquette grise qui n’empêche pas le vieux plancher de fléchir et de craquer sous les pas. La lumière distribuée par la fenêtre de droite est avalée par la façade noircie qui lui fait face tandis que celle du fond partagée en deux par une cloison en placo encadrant le coin toilette peine à se répandre peut-être à cause de toutes ces étagères en bois rouge qui recouvrent le mur de gauche où l’on peut ranger tout ce qui est à ranger livres disques paquets de pâtes et de café. Le coin cuisine à gauche de la fenêtre du fond garde dans la pénombre la mini gazinière l’évier jaunie et ébréché et le petit réfrigerateur. Devant, une table sous toile cirée grise sert à cuisiner manger étudier. Le lit 140 fait face à la porte d’entrée branlante dont un cambrioleur viendra à bout en une minute. C’est un refuge peu propice aux états d’âme qui remplira son rôle de refuge jusqu’à ce cambriolage. Et quotidiennement descendre ces deux ou trois étages où surnage l’odeur de chou aigre et de pisse émanant du toilette du rez de chaussée toujours ouvert exhibant sans vergogne sa céramique à la turque devenue marron. Puis la saignée de la rue étroite, une des plus longues de la capitale, court de la place aux Maréchaux, file à son allure pépère vers la banlieue où tu les as laissés et où ils mourront, les verts abords de la Marne que tu pourrais aussi bien atteindre en remontant la Seine et à rebours la descendre vers le Havre que tu ne connais pas puis traverser l’Atlantique à bord du France dont tu as si longuement étudié la coupe longitudinale dans un de tes livres d’enfant jusque New York où t’accueillerait la « réplique » de la statue de Bartholdi que tu as observé île aux cygnes et de là tout un monde inconnu se répand sous les étoiles que tu aimes contempler les nuits d’été pour te sentir plus petite encore, si petite pour ce vaste monde qu’en réalité tu ignores tellement tu es enfermée dans ta caboche.
Bonjour Catherine,
Voilà un autre manière encore de zoom arrière, celle de rapetisser, façon Alice, et tout devient immense !
Catherine bonjour pas encore lu les autres zooms arrière mais je trouve que tes complicatures te rendent bien généreuse.
Du studio jusqu’aux étoiles… Beau trajet !
Yeap, même pas peur! merci du passage
Un souffle d’évasion et de liberté qui me dit beaucoup, et le courage de lutter contre nous-mêmes pour enfin contempler les étoiles. Quel beau texte !
Merci merci Helena contente de vous retrouver tous dans ce marathon. je file voir votre zoom si il y est