L’enfant dans la grange tourne les pages du livre, c’est un enfant assis par terre dans la poussière sur le plancher qui craque sous les toiles d’araignées, c’est un cagibis caché dans un recoin de la ferme, au calme, loin des vaches agitées dans l’écurie au-dessous, un cagibis silencieux où l’on n’entend que les bêlements des moutons du pré de l’autre côté de la route où passent rarement des tracteurs verts avec des chars de paille ou des auto-chargeuses remplies d’herbe ; ils reviennent, ces tracteurs, du champ en bas le village, derrière l’usine désaffectée et les villas neuves, ils passent devant l’école, la gare, la laiterie, le parking qui fait comme un trou au milieu du village ; ils sont allés jusqu’à la ville livrer le grain, les tracteurs, ce n’est pas une grande ville, ce sont des maisons plus serrées, une abbatiale, des ponts sur la Broye et la vue sur les montagnes, des deux côtés, les Alpes et le Jura, les neiges éternelles et les pâturages, un lac qu’on devine, des terres plates par-delà les Alpes, des fleuves qui se jettent dans l’océan, des bateaux d’où l’on charge et décharge des containers par milliers dans des ports plus vastes que ce village où l’enfant, dans le livre, accoste en Amérique.
le temps arrêté dans la grange, et une odeur de chaud qui me reviens, merci
Merci Caroline, j’aime cette idée d’arrêter le temps.
A la lecture ce qui remonte : un air plat de campagne, lourd silencieux où volent les mouches, un petit tour chez Ramuz et le souvenir ambigu de l’ennui chez l’enfant, tout autant goûté que subi…
Merci Marion, oui, il y a du Ramuz (comme presque toujours quand on écrit depuis la Suisse romande) et des mouches volent toujours en de tels lieux.
Bonjour Vincent, ce retour fulgurant vers le livre lu ce matin a été un des premiers — et j’ai su que la journée serai forte — j’adore cet effet et ce retour qui permet un nouveau départ !
Merci Catherine, s’agit-il d’un nouveau départ ou de relancer un chantier qui en avait besoin, je ne sais pas, mais je suis ravi de donner de la force à cette journée.
Bonjour Vincent
Un zoom arrière qui se boucle et qui recommence, avec un petit air de nostalgie…
Merci beaucoup pour ce beau texte !
Merci Fil, cela recommence sans fin, en effet, ce va-et-viens de l’enfant entre la grange et l’Amérique.
touchant, j’ai aimé ce texte dans sa simplicité.
Merci Danièle, cette idée de simplicité me plaît, prendre les propositions au jour le jour et simplement écrire ce qui vient, puis passer à la suite.
J’adore la chute qui ramène à l’enfant et emmène au loin.