Les couleurs dansent ensemble. Des millions de pixels scintillent, scandent leur interminable course vers nulle part. Du noir presque charbon s’extirpent des tons de bleus variés. Des formes d’une blancheur hallucinante clignotent à la surface de l’eau. Au loin, des lignes de forces se construisent. Elles deviennent des vagues. Deux voiliers restent immobiles, tenant tête au mouvement de l’eau, bien accrochés à leur ancre. Les vagues s’avancent, grandissent. On dirait un mouvement de foule dans le métro. Les collines au loin, de l’autre côté du lac, se camouflent entre l’eau et le ciel. Quelques petits nuages, traversés de rayons lumineux, se déplacent. Au bord de la plage, les vagues se cassent, puis emportent quelques cailloux. Tandis qu’un bateau de croisière se prépare à partir, une jeune femme, assise sur un rocher, ferme les yeux. Il n’y a pas de monstre à l’horizon. Le lac Memphrémagog joue une sonate pour le temps qui passe.