La salle d’attente, claire, accueillante, simple.
Une femme détonne dans ce cadre. Grande, mince, chevelure rousse teinte, ébouriffée, un camélia artificiel fiché au sommet du crâne. Une robe de dentelle transparente, couleur chair, censée cacher ses jambes longues perchées sur des talons aiguilles dorés, les dévoilant, disant leur âge. Quel rêve en elle, quelle attente ? Et je ne peux que répondre : oublier une immense solitude.
Un homme âgé, assis, avachi, affairé devant un colis énorme, bardé d’étiquettes, entouré de carton, cerclé de scotch. Il vérifie l’assemblage des ficelles, en défait les nœuds, en resserre d’autres. Fébrile. Se levant pour mieux apprécier la solidité de la chose. Que se cache-t-il sous cet emballage rectangulaire, plutôt mince, objet de tous ses soins ? J’aimerais être souris pour grignoter un coin de papier et découvrir, découvrir le trésor.
Une jeune fille entourée de valises et de sacs. Ce qui retient mon regard, c’est sa poitrine qui déborde d’un corsage trop serré. Ce sont ses cuisses énormes que ne peut cacher un short trop court. Et surtout le tatouage bleu vif de ses jambes roses. Deux attrapes-cauchemars les entourent jusqu’aux genoux et des genoux à ses chevilles cascadent des plumes d’aigles, des perles énormes. Je m’étonne, le résultat est vraiment moche. Quand elle se lève et s’éloigne, l’insolite apparaît : son dos arbore un émoji souriant aux yeux réjouis, aux joues rondes rouges de timidité. Elle me montre un dos qui a charge de me sourire alors qu’elle a confié aux attrapes-rêves la mission de la protéger des cauchemars. Quelle histoire me raconte-t-elle par ces tatouages ? Quel message qui jamais ne disparaîtra, a-t-elle inscrit en sa peau ?
Près de la baie vitrée, un couple, BCBG, la quarantaine soignée, des bagages élégants, assis face à face, lui plongé dans un livre, elle faisant des sudokus, pas un mot, pas un regard l’un vers l’autre, mais dispensant des caresses en abondance à leur petit bichon au poil blanc immaculé. Lui semble heureux de vivre. Si le couple se sépare, qui gardera le chien, au prix de combien d’âpres discussions ?
bien observé. Riche idée de finir chaque portait par un questionnement