Le bitume glissant du parking flaques de graisse suivre les flèches jaunes dessinées au sol attention aux trois marches à la sortie dévaler la rue en pente elle est étroite filer sur la gauche où est indiqué le parcours piéton sol inégal des valérianes au pied des murs et l’ombre d’un tamaris esquissée sur le trottoir éviter l’amas de détritus devant les poubelles suivre le marquage déboucher sur la grande rue dallée de pierres grises inégales et glissantes s’étonner des plaques d’égout on pourrait les dire artistiques certaines mal installées branlantes sous les pas contourner les bacs de fleurs et les pieds palmés des parasols devant le café parfois trébucher comme une enfant s’amuser à ne pas poser les pieds sur les fissures du trottoir et encore toujours enfant sauter à cloche-pied d’une case à une autre de la marelle du jardin public sentir sous ses semelles crisser les gravillons en plein milieu du chemin remarquer un masque chiffonné un tas de mégots deux cannettes de bière faire déguerpir un chien qui pisse dans le bac à sable des petits suivre la rigole où l’eau de la fontaine glougloute rejoindre la place du marché slalomer entre les cageots de légumes les pots de géranium déraper sur des feuilles de salade jetées devant un étal frotter ses semelles sur un rebord de pierre en petite foulée rejoindre le parking
C’est très prenant, ce dévalé d’exhalaisons, cercle vertueux qui sied à ravir dans cette ville que j’adore – comme le rocher d’une île anglaise, cette noirceur-là – et pourtant la phrase joue, étonne :
« et encore toujours enfant sauter à cloche-pied d’une case à une autre de la marelle du jardin public sentir sous ses semelles crisser les gravillons en plein milieu du chemin remarquer un masque chiffonné un tas de mégots deux cannettes de bière faire déguerpir un chien »