La bande blanche, c’est bon, juste repeinte à l’instant le goudron parait plus sale. La suivante déjà rejointe, des mégots collés dessus déjà, le marché vient de se terminer, le jeu est de traverser la place en zig-zags une tomate écrasée, le masque abandonné, un mouchoir, un vrai tableau de peintre pour une exposition, une collection de sacs plastiques précède la marche ou suit, selon la direction du vent, le trottoir enfin, il est abaissé, avec des cloques c’est pour les aveugles et les trop rapides, le temps est révolu des trottoirs encombrés de foules intenses, ici, toute la place, la largeur le permet, en courant presque, voilà le premier passage piéton, la poussette en premier glisse sans bruit, deux secondes de traversée et un autre abaissement fluide un trottoir très étroit, encombré de petits et grands pieds, de chariots à courses, attention les pieds pris dans les roulettes et puis le pas de porte de l’épicerie, dureté du carrelage, piétinement assuré, encore, longtemps, puis revenant au point de départ, cette fois le long de la coursive en goudron, heureusement la barrière garde-corps permet de monter tranquillement, puis cet escalier à marches très larges, confortables hop hop hop, en deux temps trois mouvements on est sur le palier et de nouveau la deuxième montée avec une rampe heureusement, pour déboucher sur le parvis immense, oui la bibliothèque a un grand parvis, c’est ainsi qu’on en parle, avec le goudron tout neuf, coupé au milieu par une bande en pavés ancien, un jeu d’enfant aller de pierre en pierre ou deux par deux ou par trois. Le but est la bibliothèque, son sol est carrelé aussi, mais le grand plaisir d’y entrer empêche de sentir sa dureté, à mesure des jours voilà les sols que tu traverses et tous ces carrelages, goudrons toutes ces marches allant de la voiture à l’épicerie puis à la bibliothèque et retour à la maison en longeant les rues, voilà comment dans la ville on marche.