Des cheminées s’abattent. Il dit que les murs penchent. Une calèche et le bruit des sabots sur le pavé. Leurs yeux aux lueurs dans le froid d’une rue avec la devanture à joujoux. Au bout de ses doigts les petites flammes font long feu. Le grelot d’un traineau. Un corps d’enfant dans la neige. Un chapelet de rats et des joueurs de cartes dans la boue. Une robe de bal comme peinte par Ingres, bleue. Des rails. Un wagon sans fenêtre. La suie du cheminot. Des gens à quai qui regardent un bateau qui ne reviendra pas. Un bateau qui accoste et l’homme a perdu son bagage. Ismaël mettons qui s’embarque. Delacroix rentre à pied ou bien c’est Poussin qui traverse la rue avec Giacometti. Des femmes qui époussètent leurs robes sur un ponton en Amérique. Dans le port de la Rochelle une femme enlève ses bas. Un repas sur le pouce entre terre et mer. Une statue avec un glaive. L’ascenseur d’un grand hôtel. Un commis à Brooklyn. Une bête qui s’abat dans une rue de Petersbourg ou de Turin. La perspective Nevski et elles crient à Moscou. Salzbourg avec l’homme qui rabâche ou bien c’est à Vienne. Venise, des papiers dans le tiroir d’une chambre qui ne donne pas sur le canal. A Paris une peau qui s’achète. Un dealer dans une rue sans nom qui vend ce qu’il n’a pas. C’est la ville qu’on entend caché derrière un mur. Dans une cave à Nevers. C’est un homme qu’on espère, son fantôme qui revient. Les pas dans l’escalier. C’est une ville irradiée. C’est elle qui raconte au bord de sa brûlure. Lui qui monte avec sa hache. L’autre qu’on pousse avec son harnachement de verre. Celui là qui descend avec l’enfant morte et ses cheveux lui entrent dans la bouche. C’est un fleuve il traverse une ville. C’est du dehors vers le dedans. C’est une femme qui épie une fenêtre. C’est du dedans vers le dehors? Quelqu’un derrière un mur sans fenêtre. Et ces anges sur leurs stèles? C’est un perroquet qui pourrit ou Anastasia qui se décompose derrière le rideau? Qui se pend à la branche du poirier? Qui traverse le pont ? Quel fleuve ? Quelle ville? Qui descend le fleuve? Qui se noie?
Que d’échos dans ce fleuve. Fantastique et précis à la fois. Et puis soudain « c’est Poussin qui traverse la rue avec Giacometti ».
Merci Nathalie Holt.
merci Ugo ( Poussin et Giacometti ne se sont pas croisés dans le livre sur le rayonnage oui)
Remarquable défilé de souvenirs et d’impressions.
Merci beaucoup pour cette très belle lecture Nathalie !
Merci Beaucoup.Fil
ah celui là je fais l’impasse, j’aime comme tes souvenirs s’entrechoquent, en reconnaitre certains
Merci Caroline.