Trois noms de rue en France ( Saint-Étienne, La Roche-sur-Yon, Digne-les-bains) portent le nom de Cécile Sauvage, poétesse d’un autre temps, et dont je découvre une biographie, moins édulcorée que l’officielle, avec tendresse.
Jeu d’ombre et de lumière, de reflet sur des murs, et ces éclaboussures de rouge au bord de la photo. La rue semble filer loin, alors qu’elle n’est pas si longue dans la réalité. C’est une rue à sens unique, perpendiculaire à ce qu’on nomme ici la grand’rue, hérissée d’immeubles d’habitation, et de places de parking salutaires dans ce quartier. Elle n’a pas beaucoup d’attrait, hormis celui de se situer près de la ligne de tram, et des nombreux commerces qui la bordent. Aux deux angles des devantures dont l’une d’épicerie ou de primeur, l’autre aux rideaux de fer fermés. À l’autre extrémité un kebab et sa restauration rapide. C’est une rue où l’on passe, que des véhicules empruntent pour chercher à se garer. Les façades des immeubles à trois étages qui la longent montrent une construction plus ancienne que l’immeuble situé au fond et qui n’appartient pas à la même rue, avec ses six étages. Peut-on parler de tristesse ou d’indifférence, ou simplement de rue de passage, une rue banale comme un pan coupé qui pourrait contenir une encoignure où il y aurait calme, douleur ou doute.
Une rue qui dessert un lotissement, semblable à des centaines, dans une ville où je ne suis jamais allée. Des maisons individuelles s’alignent sans espace entre elles, toutes similaires séparées les unes des autres par une courte descente qui rejoint le garage. Une allée rougeoyante donne à la première maison une allure d’ordre ( pas d’herbe folle) et d’élégance. Une poignée de jonquilles – nous sommes donc au printemps – et un arbuste non encore fleuri ou feuillu. Des voitures stationnent à cheval sur trottoir et chaussée – il n’y a probablement pas de piétons, tout s’accomplissant ici en voiture. Quelques volets clos, des murets à la peinture salie, un lieu où l’on se retire après le travail. Ce n’est certes pas à cet endroit qu’est née Cécile Sauvage, sa maison natale devant sans doute se trouver dans le centre-ville ou dans un quartier plus ancien…À quelques mètres de là, une école primaire Flora Tristan. Les quartiers neufs s’habillent enfin de patronymes féminins. Si l’on repasse en vue aérienne, des prés ainsi qu’un rond-point jouxtent le lotissement. Dans l’échappée obscure des contours…le jour, l’ombre, la fraîcheur.
Une rangée de platanes épouse la rue donnant l’ombre et la fraîcheur indispensables dans cette région. Un long bâtiment, probablement un groupe scolaire, puisque si l’on tourne un peu sur l’image on aperçoit des enfants, collégiens, devant le mur. Un parking fait face à cette école, empli de nombreux véhicules, et derrière lui d’autres bâtiments plus récents faisant penser à une bibliothèque, et à côté un gymnase. Peut-être est-ce le lycée où Cécile Sauvage a rédigé ses premiers poèmes. Toutes ces salles de classes rangées sur trois niveaux, et soudain on imagine le bruit dans les couloirs lorsque la sonnerie de fin de cours retentit. Bien caché par ces hauts murs, toute la vie contrainte d’une jeunesse ou tous ces cerveaux s’emplissant de culture. Si l’on se projette sur la gauche du cliché, un moutonnement herbeux, la campagne est donc proche, avec la douceur de l’azur.