Ce qui ne vient n’arrive, n’est ici. Nait ici. Rien. N’arrive rien. N’est rien comme assise/assis là si comme là. Mais rien. Avec tout : chair et os. Coxal. Iliaque. Coccyx. Avec poils, culotte et chaussettes. Oui même des chaussettes. Mais rien. La tête à portée de main quand même, sous le coude la tête, on ne sait jamais. Mais rien. La tête à bout portant. Mais rien. Qui sait si ça ne reviendra pas tout de même, maintenant tout de suite, ou bien demain. Même après. Être prête/prêt à rien. Comme à ? Pour qui sait attendre. Pour qui sait patience. Si des fois ça sortirait pas tout de même d’un coup. Tout de go. D’un coup sans crier gare (tiens le train c’est une idée ça le train. Prendre le train. Prendre le train avec les gens dedans. Le prendre et l’arrêter dans le tunnel. Tirer le signal d’alarme c’est pas compliqué. Tirer la poignée rouge et dérouler le fil. Prends le ce train. Monte avec les gens. C’est un début. Ce train. Prends le train avec les gens ou je prends le camion au Texas avec les gens en tas dedans). Ici rien. Un chien. Une automobile, une autre encore. Un camion. C’est dehors ils passent. Tiens l’oiseau. Tiens son chant de grosse pie. La trop nourrie. La carnassière à ordure. Et ce chien sans visage qui braille. Leurs bruits dehors. Mais ici rien. Le bruit d’un chien et d’une pie obèse mais rien avec le trafic de huit heures. Mais rien. Peut-être que c’est là quand même tapi. On l’a pas encore vu ce petit rien d’un commencement tout discrètement tapi. Suffit d’un rien des fois pour lancer. D’un congélateur qui s’arrête d’un coup. D’un faux contact. D’une résistance qui crame. Alors dans le coffre ça fond. Dans le coffre de la cave ou bien dans le coffre de la cuisine ça fond (tout dépend de l’espace). Parfois c’est au garage. Dans la chambre c’est très très rare. Mais ça fondrait aussi. Alors ça se produit. C’est un processus lent. De petits bruits. Des gargouillis. Puis des bruits de basse cour. Ça craque aussi. Ça tombe par plaques. Peu à peu ça se liquéfie. Si on attend vraiment longtemps. Alors ça pourrit.
Comme en manque d’air, un texte le souffle court. C’est saisissant, merci Nathalie
L’air de rien vous dites tant. Les morts aux frontières. La liquéfaction des glaces. Ce rien qui insinue notre monde. Pour ce rien, merci Nathalie Holt. Bravo au pluriel c’est bravi.
ce déroulement qui nous saisit, on ne voit pas venir
et puis l’attente jusqu’à la fin tout court
superbe langue, hachée ce qu’il faut avec ce RIEN, et qui nous tient
(si remarque, si, quand même, pas mal…)
L’entrelacement de la langue, qui révèle tous les mouvements internes d’un esprit et d’un corps qui attendent !
Magnifique travail, Nathalie !
J’ai beaucoup apprécié.
La litanie semble si forte, très beau rendu immédiat et symbolique, bravo,