Laure s’est endormie. Je me souviens du mauvais papier de ce carnet acheté dans un bazar à Paris, ses pages coquille d’œuf quadrillées de lignes presque invisibles. Stries rouges. Ce carnet je l’ai glissé dans le grand sac à dos il y a trois jours en partant. Il fait 40 degrés. Un jour blanc perce le volet; je peins une aquarelle de Laure. Détrempé le papier se tend et aussitôt il sèche, en séchant il gondole, il peluche. Laure rêve une main sous la joue, sa blondeur se diffuse, la ville est tout entière dans sa chevelure et dans la voix qui monte du minaret. Laure rêve et prend la couleur de ce carnet posé sur mes genoux dans cette chambre de Marrakech. Il doit être midi, ce doit être un mardi de 1979 puisque nous sommes mardi et que j’écris à 12H44 sur cet ordinateur sans lignes dans cette chambre de Saint Leu la Forêt. J’écris dans le visage de Laure: La petite fille balaye les escaliers à grande eau et sa robe se couvre de gouttes sombres… Laure est morte depuis. Le carnet est perdu. J’écris dans la ville sous le soleil brûlant. J’ai vingt ans.
« J’écris dans le visage » Grande émotion à vous lire Nathalie. Merci.
Nathalie, ton texte est superbe. Distorsion du temps en douceur.
Merci !
Merci tellement Nathalie, pour les ondes issues de l’aquarelle, Laure endormie, Laure sacrifiée… quel beau texte
Fascination des diffractions et des dispersions, un texte pigment sur un voile humide.
Ugo, Fil, Françoise, Michael Merci de vos passages et de vos mots.
J’ai ressenti le mouvement du temps et celui de l’écriture autour de la présence de Laure endormie. Merci
Merci beaucoup Aurélia
Aussi beau qu’un tableau, merci Nathalie.