Marches ébréchées, la cinquième et septième à la montée.( bien faire attention de ne pas poser le pied dessus). Brin d’herbe et petite fleur jaune dans l’interstice entre la dalle de béton et le goudron de la rue ( ne pas arracher, laisser son temps de vie à la fleur). Ombre portée des arbres sur l’étroit talus entre le collège et la rue ( profiter de l’étoffe de cette ombre). Bouche d’égout ronde cernée d’une auréole de béton plus claire : SOVAL écrit dans un petit rectangle et EAUX PLUVIALES au centre de la bouche et en plus petit FBM France et MAXUM en arrondi au-dessus de l’inscription principale (jamais regardé avant ce jour les inscriptions sur ce rond métallique, s’en trouver bête). Un tapis d’aiguilles de cèdres le long de la bordure sur le goudron (une pelouse marron où marcher sans bruit et s’imaginer presque dans un sous-bois). Une bouteille en plastique échouée le long du grillage du collège. Une feuille de papier blanc perforée, froissée, avec des dessins au stylo bille abandonnée sur l’herbe ( sans doute une feuille de cours, la fin d’année est proche et les classeurs des collégiens s’allègent). Une canette d’aluminium compressée. Après le virage, le long des immeubles, les traits horizontaux de l’ombre d’un portail où les pieds d’un enfant jouerait à cloche-pied ( ne pas sauter sur le trait noir, ne pas le toucher, sinon tu vas mourir). Sigle de l’indication de la voie verte qui démarre tout près ( j’avais pris à tort ces logos pour des points de rassemblement…). Bande rugueuse au bord du trottoir avant de traverser une rue ( on sent bien sous la semelle les alvéoles bosselées ). Une allée bétonnée et le logo de piste cyclable (trottoir à partager, rester vigilant).. En bordure de cette allée de grosses pierres pour empêcher les véhicules de se garer. Lever la tête, traversée du boulevard :regarder à gauche, à droite, à gauche ( les réflexes perdurent). L’ombre des vélos de la station des véliverts. En-dessous du pont, les rails du chemin de fer bien droits et épais, et là tout près ceux du tram avec les bifurcations possibles ( il n’y a plus de droite ligne mais des enchevêtrements) . Trop dangereux de ne regarder que ses pieds : voitures, trams, vélos, rester vigilant. Longer le parking de la place et les ridules du goudron ( on se croirait sur le sable de la plage ). Encore une rue :larges bandes blanches un peu effacées du passage protégé, (respecté par la première voiture qui arrive). Les magasins de la place avec une femme puis un homme assis par terre, un devant la boucherie, l’autre la boulangerie. Seuil de la boulangerie. Ôter les lunettes de soleil. Le carrelage clair et le regard qui se lève vers l’étal de gâteaux et de pains : bonjour, une campaillette et le journal s’il vous plait. ( défi relevé et terminé sans s’être fait renverser par un véhicule).
et même pas un croissant au bout ? Il fait pourtant bien mérité!