Elle surprend, on s’attendait une machine. Où est garée sa voiture ? Elle prend le ticket et la carte de crédit machinalement, l’argent liquide quelquefois. Bonjour, elle tend son bras, un autre bras se soulève et s’allonge, moment d’air, petit geste de gymnastique en immersion de CO2, on entend un contraste de musiques, ou les nouvelles d’un journal radio, elle rend la carte ou le reste. Puis, il ne reste plus rien, pourtant elle regarde droit dans les yeux lorsqu’elle dit au-revoir. Le prochain péage est loin.
Dans les réunions, dans les entrevues politiques, les conférences, les bilans et les évaluations de projets, elle déclame avec les mots du poète la douleur de sa Ville désormais du côté Nord de la Méditerranée. D’une lignée de combattants kabyles, sa famille a donné la vie pour la liberté de son pays. Son fou-rire explose nerveusement, elle tient ainsi. Quand elle remplie les formulaires de financements pour son association, quand les chiffres se transforment en coups, la force de ses ancêtres tape sur les touches du clavier.
Rose, jaune clair, vert d’eau, elle s’estompe dans les tonalités pastel de ses gants. Majestueuse reine feutrée, sa présence se faufile entre les étages. L’eau et l’eau de javel s’infiltrent dans sa vie, les portes ouvertes de l’ascenseur la font évaporer, les parfums de détergeant la trahissent, elle essuie et lustre maintenant les marches du premier étage. Diagnostique d’arthrose rheumatica : elle tient avec les infiltrations.
Encore trois très forts portraits.
L’ensemble va faire un grand et beau livre !
Merci Anna.
Trois beaux portraits sensibles. J’aime surtout le deuxième, on la voit rire enrager.