Un porche, de larges portes métalliques, (le passage d’un camion). Dans la porte de gauche, une petite porte pour les piétons; c’est par là qu’on entre ce matin. On arrive tôt, le jour se lève — en hiver il ferait nuit. Les rues vides, l’air frais. Ces oiseaux qu’on entend. Et le ciel, une dentelle rose mord les toits. De l’autre côté du porche c’est un couloir aveugle très large, comme une rue secondaire. À une centaine de mètres, là tout au bout, une vitre opaque luit, est-ce encore le jour derrière? Studio c’est écrit en rouge sur le mur de droite : de grandes lettres; des murs de ce jaune paille administratif: hôpitaux et salles de classes… lumière immobile de jour industriel; sur la gauche une grande vitre donne sur la loge du gardien, brillances des écrans de contrôle: quelqu’un, Marcel (le gardien) — c’est toujours Marcel, ou bien Farid, qu’on salue. Dans l’angle haut du mur, contre la loge du gardien il y a un haut parleur conique et sa réplique sur le mur d’en face, il y en aura de un peu partout qui grésillent. À droite un rideau de fer entrouvert donne sur un petit local, comme aux puces le stand d’un brocanteur : il m’emmenait aux puces le dimanche, parfois l’ensemblier le rejoignait nous mangions des frites au vinaigre; une poupée de porcelaine m’avait regardée: ” quand on voit les dents c’est plus cher”, avait dit l’ensemblier, je n’aimais pas les poupées. Meubles recouverts, chaises en vrac… un peu plus loin, la devanture d’un bar. Un vrai café dans une fausse rue : vitrine, sous bassement de bois, à l’intérieur l’horloge marque six heures et des minutes : « elle veut quoi la petite ». Les tasses de cafés s’alignent sur le zinc. Un cendrier Cinzano, un téléphone noir, des banquettes : formica, bakélite, moleskine. Tabourets hauts, étagères de verres, bouteilles tête en bas. Le grand miroir qui réfléchit le garçon sert aussi d’ardoise: plat du jour, rosbif purée. Le jeudi c’est rosbif purée, œuf mayonnaise, profiteroles ou crème renversée : « c’est de la crème qu’on ramasse par terre », m’avait dit mon père. En face du bar cet escalier étroit qui conduit vers les bureaux : BUREAUX c’est en rouge avec une flèche. Une double porte à hublot jouxte l’escalier. Une salle de projection? Où allaient ils voir les rushes le soir?
un côté Ménines à la représentation dans la représentation… l’ombre de WH ?
Merci François pour les Menines ( ce tableau je l’ai dessiné souvent, avant) WH oui
« Un vrai café (dans une fausse rue) » Merci Nathalie. Formidable. A vous lire, je me souviens d’un coup avoir mangé parfois dans le vrai restaurant-cantine dans les décors des studios de La Victorine. Magie des oublis. Magie de vos écritures. Merci.
Merci beaucoup Ugo (La Victorine j’y suis passée aussi sans y manger )
salut à Odette, oui – et à son Marcel, oui – il y a de la musique gitane par là de nos jours (manouche ou quelque chose) et j’ignorai pour les dents… (merci hein)
Merci pour la promenade Nathalie – Bonne journée à toi.
Nathalie, un grand plaisir à lire ce texte, qui nous promène dans un entre-deux quasi révolu.
Merci !
Piero, Clarence, Fil: Merci !!! d’être passés