Écrire le réel. Tentative d’écrire le réel. En extraire la fiction. Tenter d’extraire toute fiction du réel simple. Et non pas d’écrire un réel qui deviendrait une fiction. Constat qu’il n’est pas simple de rester dans le réel. Que tout, même le plus réel, porte vers la fiction par opération de prismes, de renversement, ou simplement parce qu’un réel non vécu par le lecteur devient fiction. N’est réel, que ce que nous vivons, y compris la fiction. La fiction est du réel qui passe par le filtre de l’échange. Des réels qui se rencontrent et s’échangent deviennent fictions. La fiction individuelle est un réel. Un réel collectif est une fiction. Les partages de réels deviennent fictions. Bien qu’à chacun son réel, le collectif est fiction. Cette fiction est cependant établie en réel. Le seul réel existant est sa transformation en fiction. Par conséquent, toute fiction est un réel transformé, partagé. Un réel par transport devient fiction. N’est réel, que ce qui ne se transporte pas, que ce qui reste à l’état brut dans son réel. Dès que le réel est transporté, ne serait-ce que par les sens, il est fiction. Donc, le réel même, individuel, est un réel déjà transporté, donc fiction. Si le réel est transformé par transport à l’état individuel, il est fiction dès le départ vers le collectif. Sur les routes de l’échange, il n’y a plus que de la fiction. Et le réel est resté en amont, à l’état brut. Comme rien n’est immobile, le réel disparait. Cependant, il peut être ramené au noyau de l’atome qui perdure au centre de ce qui se transforme sans cesse autour de lui. Pour toucher au réel, il nous faudrait être des noyaux d’atome. Or, nous vivons assemblés de ce qui les entoure, en mouvance fictionnelle. Le réel existe bien, mais n’est pas à notre portée, ni individuellement ni collectivement. Ou peut-être y a t’il dans le langage des différenciations obsolètes par rapport à nos avancées technologiques. Nous avons inventé un espace infini de fictions qui constitue notre réel, un espace, qui à la différence de notre échelle humaine, n’est pas voué à mourir, à se disperser pour se composer, mais à vivre éternellement et en transformation simultanée. De la fiction au réel, nous savons faire.