Dans ce livre, il y a des sols, des cheveux, des tissus, des feuilles, des bois et des livres, des tas de livres qui forment une matière à écrire d’autres romans, des récits de genres bien heureux bien que fort mal assis. Il y a des livres à faire naître comme un projet de vie dans lequel on veut bien se reconnaître et se retrouver dans cette capitale : lire, écrire et vivre. Un fil qu’il ne faut pas couper mais qu’il faut lier avec d’autres, dans une arborescence, sur un blog, une matière de l’internet où il pourrait se cacher une ville, un village ou une île. L’île des gens mal assis pour qui être heureux c’est d’écrire en biais tout un tas de biais bien mal aisés. Il faut revenir à cette île et retenir toute l’eau sans se laisser dévorer par les vagues qui s’enroulent sur les corps pour les engloutir et les envahir. Ne pas se laisser engloutir et continuer à nager, à surnager au-dessus des flots. Surfer, nager, pagayer, partir en canoë sur le monde de la littérature en chantant comme les sioux ou les iroquois. Se retrouver sur l’Hudson, sur le Loir ou dans la petite mer de Gâvres et pagayer tout son saoul pour aller voir si, au font du trou de la baie, il y a matière à raconter sa vie, sa toute petite vie faite d’imparfaits et de passés indirects. Raconter son histoire en déroulant le fil, le cordon ombilical qui se distend et se retend au fur et à mesure du récit. Aller à sa source voir les truites filer dans la bouche d’Aigre, au bord de l’Aigron à Notre-Dame d’Yron. Se dire que toutes ces matières à dissertes vont bien l’occuper à rêvasser et à triturer la matière à écrire, à pétrir la langue qu’il va falloir malaxer sans s’emberlificoter dans les mots, le vocabulaire, la grammaire et la syntaxe. Arriver à maturité, s’achever dans cette bière qu’est la littérature et assister à sa mise en bière en lettres capitales quelque part sur un site internet, un elisevellard.net pour une mise au net de tout ce qui a déjà été écrit. Rassembler tout ceci dans un livre, un coffret numérique pour une mise en forme de ce que sera l’avenir du net. Rester honnête avec soi-même avec ses accents de sincérité et de brut. Le salaire brut et net de la peur de ne pas être, de ne pas exister. La sueur perle sur ton front. Il va falloir faire une source de cette chaleur, de ce liquide qui se répand sur ton corps. Le salaire de ta sueur, la sueur de ton front et de tes doigts qui filent dans cette matière, toi l’apprentie du net. Au moins tu es honnête avec toi-même. Tu as tout à apprendre comme une arpète de la matière grise et tu laisses glisser toutes ces matières à lire comme autant de barrières qu’il faudra franchir. Ce sont des tablatures avant de se retrouver demain vers une nouvelle immersion, un autre bain dans lequel on se sentira bien.
Un livre tissé comme un tapis d’éveil géant. Merci Elvire Dellas. Et cette « bière qu’est la littérature » comme un cachiri dont les femmes seules ont le secret.