#40jours #40 | Chemins ( possibles)

Etape 1 - promenades dans les textes 
40 jours ou 40 nuits. Villes rues. Du noir. Du blanc. Et des  images couleur. Des photographies (nettes/floues). Des visages. Des prénoms. Des trous: de mur/terre/visage/chantier/guerre. Fosses, tranchées, caves. Terrasses, toits.Des villes. Quelques peintres et quelques tableaux. Et Parfois ça ressemblait à un pèlerinage.  
Trop d'effets: répétition, truc, triche ( mettre de la musique et quoi?) Dans un atelier on doit pouvoir en mettre partout. Trop. Beaucoup. Éclabousser. Maintenant jeter. Si on regarde dans la poubelle on apprend  et faire aussi avec les rebuts ( aimer cuisiner les restes ) Apprendre de ces textes ( les miens) comme le réel se cache. (trop de flou) Ce qui se dérobe. Les récurrences (Trou Visage)  et beaucoup de questions: tu aimes les questions?  faire le tri dans les questions. Écrire tous les matins dans la direction d'une proposition qui est une question ouverte c'était ça l'enjeu et avancer avec les autres, recevoir de la lumière des autres. 
Beaucoup à prendre des #30 # 27 #17 (et les trois consignes laissées de côté? les reprendre  ou prendre d'elles en creux?) 
Maintenant on fait quoi ? Tu veux faire quoi? Comment ce qui s'est déposé peut s'articuler au travail en cours? On range? On laisse en repos? On trie? On éparpille? On découpe? On s'accroche à une chose et on s'y tient? 

ON VA VOIR DU CÔTÉ DES PHOTOGRAPHIES Et des TROUS (sans y tomber) On scrute les VISAGES on retourne dans les VILLES sur le motif en avant et on creuse derrière ( avance Hercule ne meurt pas (folle) sans t’y risquer )


PHOTOGRAPHIES (d’invisibles photographies)
Tu photographies les pierres en surplomb à Rabat, il s’approche et t’invective dans sa langue puis il crache dans ta direction : Qu’est-ce que tu fabriques chez nos morts? Une quinzaine d’enfants tiennent un long ruban bleu blanc rouge, ils sont devant une façade de verre et sur la vue aérienne c’est un grand trou de terre qu’on voie et la grue dessine l’ombre d’une croix. Sur une des photographies il y a une jeune femme penchée à une fenêtre, elle est enceinte, elle sourit, elle porte au cou chaine avec une étoile, derrière elle un homme agite les bras il est flou. Dans son sac ce sont des photos, des portraits, des visages de femmes pour la plupart; et celle d’un cheval et d’une truie: mon père et ma mère, elle dit, quand on lui demande. Dans les noirs et blancs de l’image le regard est clair elle doit avoir six ans. Elle sourit. Dans les noirs et blancs de l’image elle n’est pas si vieille. Dans les noirs et blancs de l’image sa beauté frappe; si c’est une actrice? Dans le cadre du haut elles sont deux aux figures jumelles et chacune son grain de beauté, l’une à droite l’autre à gauche, pour les différencier. Une à l’air mauvais. Une autre tient un livre. Même une défunte la tête pleine de fleurs. Sur le registre des disparues il semble qu’elles pourraient se lever et partir. Lignes pointillées rouges et blanches qui balisent les photographies aériennes noires et blanches. Repérages. Emplacements fantômes. Retrouver l’endroit sous la cendre. Sur le registre des disparues il semble qu’elles pourraient se lever et partir. Et celui qui porte des gants blancs sur ses phalanges amputées. Et celle dont le regard oblique te traverse deux boucles pendent à ses oreilles. Ces visages d’une femme, ces femmes d’un visage dans une galerie blanche sur deux étages : Cindy Sherman New York (down town) Qu’est-ce que tu photographies? Pourquoi es-tu venu ici ? Onze portraits des hommes et des femmes, une enfant. C’est au Congo. Il y a aussi la photographie d’un bâtiment qui pourrait être une église et celle d’un banc d’extérieur orné de motifs géométriques et d’un animal, un éléphant peut-être. Sur l’un des portraits le visage n’a plus de nez, ni de lèvres et les yeux semblent aveugles. Je vois les dents qui remontent de la cavité de la bouche. Là il n’y a pas de pellicule ni de caméra c’est filmé avec les yeux. Qui filme ? L’image bouge beaucoup. On dirait que c’est fait dans l’urgence. C’est un film amateur et ils n’ont plus le temps parce qu’elle va repartir. Qui? Elle ou lui. Maintenant ça n’a plus d’importance.

DE VISAGES :
J’écris dans le visage de. (Laure, Pierre, Jeanne, Marcel) : c’est important le nom, c’est comme un visage. Parfois aussi je crie (dans leur visage). Des listes de visages sans nom? Des listes de noms sans visages. Ces visages d’une femme, ces femmes d’un visage. Un visage, quarante ans peut-être, la joue et l’œil soufflés par un obus, les cheveux brûlés d’un seul côté. Et celui-là assis dans la terre. Regard droit. Comme il semble calme, il n’a plus de mains juste deux moignons noirs. Sous les bandages se devine l’absence des nez, les mâchoires dévastées, les trépanations, les blessures. Et ce chien sans visage qui braille. Elle ne voit que la peau et les os dans le sourire. Tu ne vois qu’elle?
Sur l’un de ces portraits je vois les dents qui remontent de la cavité de la bouche. Un visage comme une plaie jamais refermée.

TROUS/CAILLOUX/GENOUX
Par ici on excave. On va du dehors vers le dedans. On fore. On troue. Le petit trou du mur de gauche en empruntant l’impasse. Trois mois que ça dure , que je l’entends avec sa pioche, ça creuse. C’est long un trou.
Il était là devant elle avec sa drôle de tête, et les yeux comme des trous.
(Ça donne des chiffres. Ça donne des listes. Des registres. Ça donne des dossiers en attente. Ça donne. Direct dans… le trou ). Trou de terre dessous dessus tas os tas ongles tas cheveux tas dents yeux trous moins plus terre cendre direct. Les plus vieux viennent au bord des trous pour causer.Si on troue c’est pas pour les chiens. Des racines s’arrachent du dessous, on les voit qui remontent les tranchées, certaines comme des mains ou des pattes de griffon. Alors te cache plus derrière tes os, pousse ton trou, crie le. Un trou comme une douleur ancienne qui s’est rempli de ciment…

GÉNÉALOGIES APOCRYPHES
Je ne peux pas me souvenir si tout cela est aussi vrai que la mort quand elle entre dans leur chambre par le combiné du téléphone et qu’il descend dans la rue sans nom. Une nuit. J’ai trouvé un crâne, avec quelques cheveux et personne ne m’a cru. On me dit que c’est un faux ! On me dit c’est dans ta nuit renversée que tu l’as trouvé ton crâne. Personne ne veut me croire. Ton histoire elle dépasse l’imagination ils ont dit.

DE QUESTIONS –
UN LIVRE DE QUESTIONS ?
Tu fais ta maligne ? C’est ça ton projet? Raconte plutôt tes petites histoires. C’est une histoire qu’elle racontait. Pour prendre patience, elle se disait des conte qu’elle avait inventé. Moi ce qui m’intéresse dans la réponse c’est la question. J’avais vu un film où elle se travestissait en lui pour pouvoir poser des questions. C’est ça ton idée ? Pourquoi as-tu pris sa place ? à quoi joues-tu? Tu ne dis plus rien? Tu veux qu’on arrête? Non? C’est pas un pèlerinage? Je regarde l’herbe dans l’herbe chaque brin — mais non tu ne peux pas chacun — et les feuilles volent comme des cheveux qu’on a coupés. Tu n’as rien retrouvé? pas de papiers, ni de témoins?que des os dans une fosse? Je t’ennuie avec mes questions? tu n’en peux plus? Tu veux que je me taise? Je peux te poser des questions plus simples si tu préfères ? avec juste des cases et des croix à remplir, tu préfères? De noter la couleur du ciel ça te plairait? de peindre une pomme? Et voyager ? l’Amérique, l’Italie, ou le Congo? Tu t’en moques? C’est ça que tu offres, ton inquiétude, c’est ça ton monde ? Que le pessimisme c’est ta façon de se prémunir du pire; ton vaccin en quelque sorte? La légèreté dis qu’une fois au moins tu l’as connue? Tu ne dis rien? Je te promets d’arrêter mais réponds moi une fois, je t’en prie. Ce qui m’attend quoi? ce qui m’attend où? quelque chose ou quelqu’un m’attend quelque part? avec un fusil peut-être? tu le crois? c’est écrit dans ton livre du monde? l’homme au fusil ou bien l’homme à la machette? l’homme bardé d’explosif c’est ton idée du monde? Le viol comme arme de guerre. La torture, tu dis ?Est-ce qu’il existe une guerre propre? Et être toujours du côté de celui qui est attaché. On les attache pas aussi les monstres?Si tu es bien de ce monde, je me le demande. Ne pars pas. Tu veux bien rester encore un peu ? même si rien, même si froid.


METTEZ-VOUS DANS LA PEAU CIBLE (proposez des situations et structurez clair – ( le mot nomenclature dans sa tête il se confondait avec Kommandantur.) Ça donne des chiffres. Ça donne des listes. Des registres. Ça donne des dossiers en attente. Ça donne. Direct. dans le …

ELLE DIT QUE. Elle qu’elle ne tient qu’à un fil dans sa chambre claire hors du temps; ELLE DIT quand je mourrais tout ira à la benne. Mais chaque matin elle se lève pour peindre. Et regarder à ne plus voir que ce qui se dérobe; un motif tapi sous le poudroiement des lumières? des cheveux qui volent? des couleurs… elles se dégradent ( tu passes l’estompe humide, doigt, pinceau, chiffon) … elles se fondent au blanc du papier jusqu’à extinction (traces fantômes qui s’estompent encore en séchant). Personne ne m’a demandé ton nom.

VILLES
Athènes terminus mer – chambre avec lit double en deux et la petite terrasse lézardée d’où tu ne vois pas la mer qui chante, ni les grands ferry. Une rose sur la table de nuit aux bombons Kréma ) ( Epidaure tu ne te souviens tu n’es pas allée à Epidaure tu n’as rien vu à Epidaure)et (Marseille la lumière crasse d’or des escaliers du vent) et ( La Rochelle Veolia pour le pont impression blanche ) et ( Tours terminus propre) “Dans le port de la Rochelle une femme enlève ses bas. La perspective Nevski et elles crient à Moscou. Salzbourg avec l’homme qui rabâche ou bien c’est à Vienne. Venise, des papiers dans le tiroir d’une chambre qui ne donne pas sur le canal. A Paris une peau qui s’achète. C’est la ville qu’on entend caché derrière un mur. Dans une cave à Nevers. C’est un homme qu’on espère, son fantôme qui revient. Les pas dans l’escalier. C’est une ville irradiée. Le quartier des halles par exemple. Du trou des Halles vers la place des Vosges; Je pourrais finir sur les quais à hauteur de l’ile Saint-louis, manger une glace en regardant les mouettes. 46, 48 rue de Sévigné Paris. Rentrer ce jour là par Brochant — tu peux choisir de rentrer par Brochant ou pas. tu prends Truffaut sur ta droite, devant le commissariat un flic fume. Ou bien choisir le 66 et descendre rue des Batignolles s’arrêter au tabac pour les clopes,Rentrer une nuit par le pont Cardinet, longer les grilles. Regarder la voie ferrée. Les rails. Et les pigeons s’envolent battent gris le ciel grand ouvert.C’est après un long voyage; descendre de l’automobile, avoir tourné longtemps, s’être garé rue Lamandé, près de l’école polonaise cette rue longtemps sans horodateur, ou se garer plus loin rue Boursault près de la Pastelaria Belem avec ses carreaux bleus et ses petits flancs comme repartir en voyage en rentrant. elle c’est Epinay Villetaneuse: un CDI, le pavillon, A Saint Leu la Forêt (95320), place de la forge, vous découvrirez cette superbe fontaine en fonte qui fonctionne. Construite en 1892, Marcher jusqu’à New york, sur la gauche ce quai brûlant. Bitume. Béton. Puis ce toit. Goudron fondu aux rayons…Loin du centre historique du Mans la rue samuel Beckett. C’est une rue courte ou contre-allée aire de stationnement d’une cité HLM, située entre une rangée de huit immeubles comme un seul bloc de onze étages, C’est par la rue du vieux Candol qu’on s’engage dans la rue Samuel Beckett à proximité du Centre Hospitalier Mémorial France Etats-Unis de Saint-Lô, Services d’urgences. La rue S.B. qui est une voie sans issue ou un cul de sac, avec ses aires de parking, dessert des immeubles, Il faut quarante et une minutes à pied pour rejoindre l’école au quarante huit de l’impasse Léon Schweitzer où trois cent vingt quatre élèves, hors pandémies, (345 suivant d’autres sources), se rendent à pied, en bicyclette ou dans le véhicule motorisé d’un de leur parent, chaque matin.Colombes (92700) Du premier étage vers le rez-de-chaussée, Barbès Rochechouart (7509) Du sixième étage sous les toits vers l’autre aile de la cour, Villa Championnet (7518) du deuxième étage par la fenêtre de la cuisine vers la cour où se trouve le show-room du carreleur et le bureau de la secrétaire, Batignolles (75017) une façade à trois étages huit fenêtres visible la porte est métallique,Tombe Issoire (75014) derrière l’immeuble des années 1950 un passage avec un jardin et trois ateliers d’artiste, Cour des trois frères (75011) comme un goulot d’étranglement, une cour couloirla glace sans teint du couloir de la gare du nord ( niveau moins un) en marchant vers La Chapelle (75018) et depuis au 58 de la rue T. le soupirail a une plaque neuve sans trous (75017), les dessous de scène du théâtre de l’Alliance Française (75014), la porte des caves au 2 rue de Steinkerque(75018) l’écorché du jardin de La Ruche ( 75015)
Tu n’as pas vu Ellis Island. As-tu seulement pensé à elle ?





A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

6 commentaires à propos de “#40jours #40 | Chemins ( possibles)”

  1. Comme une entrée dans la forêt quand l’orage s’arrête, la découverte d’une chemin inédit, d’odeurs nouvelles, de traces jusque là ignorées, d’une clairière qui n’était pas là avant. Merci Nathalie Holt pour cette revisitation, révélation, transfiguration. Elle fait sens en faisant flèches de la force de vos écrits. Vous nous livrez l’exemple des exigences susceptibles de nous guider, toutes et tous. Merci, immense merci Nathalie Holt.

    • Merci Ugo pour les retours (trop indulgents) . Ce premier passage dans les textes fait « mal mais vite » n’est pas vraiment ( gai gai ) maintenant au boulot. Merci pour les questions ouvertes et les chemins obliques, les textes courts mais si justes… qui donnent sur la mer …

      • Nulle indulgence Nathalie Holt à votre égard. Seule certitude : de vous lire, je ne sors jamais indemne.
        Pour ce qui est de la mer, mon vieux professeur des collèges disait que l’important c’est ce que l’on y voyait à l’horizon. Et que s’il y avait une île au loin, c’était mieux pour l’imaginaire.

  2. un vrai plaisir de vous avoir découverte et lue tout au long de ces semaines. Un grand merci