Les murs en nous dressés. Depuis nos fondations. Aux pierres bien serties depuis le réconfort de l’enfance. Avec sa tectonique du dedans. Et ses voix. Et ses silences. Et toutes sortes de tétanies. Et le trouble des rêves. Et sa terre remuée, fouillée. Et ces flux et reflux. Et ces exigences données comme un ordre. Et les pétrifications des ans. Et les pellicules bleutées. Et les poings serrés. Et les ironies ravalées. Et les pleins et les déliés des jours. Et le poids des mots non dits. Et les bancs de brume accrochés. Et les chapes de certitudes. Et les questions sans réponses. Tout bien enserré à l’intérieur de nos propres frontières.
De l’autre côté des murs, des gravités adverses. D’autres mondes que le nôtre. D’autres fondations. D’autres orgueils mal sertis. D’autres raisonnements. D’autres riens essentiels. D’autres abîmes où se terrer. D’autres lâchetés similaires. D’autres fragiles harmonies. D’autres au-delà à préserver. D’autres fascinantes contradictions. D’autres ténèbres de qualité. D’autres mondes que l’on dit nôtres. D’autres prés à la luzerne sombre. D’autres parce que. D’autres mirages épais. D’autres étranges hébétudes. D’autres rituels impérieux. D’autres incohérences. D’autres il est certain que. D’autres serments parjures. D’autres cendres et suies. D’autres sécrétions transpirées. D’autres pailles dans les yeux. D’autres jadis qui règnent. D’autres à jamais. D’autres toujours inamovibles. D’autres sympathies que l’on ne donne pas.
Il y a et il y aura toujours des gens que l’on n’aime pas. Que l’on garde à distance derrière son mur. Des rencontres qui ne se feront pas. Des digues épaisses qui ne se franchiront pas. Chacun de son côté de mur. Avec ses pensées aux pointes acérées. Ses accents graves et ses circonflexes. Ses contre-courants du bon sens. La toile cirée de ses idées noires. Les poignées de gravier jetées sur les éternités. Toutes ces lignes invisibles qui se tendent entre les uns et les autres. L’instinct de bloquer les choses inconnues. Survivre à l’intérieur de ses frontières.
Beau texte ample et poétique.
J’ai vraiment beaucoup aimé.
Merci Solange !
Merci à toi!
De part ET d’ AUTRE toute une litanie des possibles, « rien n’est vrai tout est possible » entend-t-on souvent dans nos conversations. « Tu vois pas qu’on s’aim’pas » dit la chanson à Souchon. Votre texte est bien calé sur ses pattes et il y en a plus que quatre. C’est agréable à lire.
« Toutes ces lignes invisibles qui se tendent entre les uns et les autres. L’instinct de bloquer les choses inconnues. Survivre à l’intérieur de ses frontières. » Tout irait mieux si on les dessinait simplement à la craie… Mais… mais… mais… Et…