Dans une paisible abbaye cistercienne du XIIe siècle, on ne s’attend pas à ce que la question de la clôture, de la propriété privée, soit susceptible de provoquer une onde terrible de violence. Pourtant, ce sont bien des menaces de mort qui sont proférées à l’encontre du visiteur qui prendra le risque de s’aventurer parmi les tomates et les courgettes du jardin potager. On préfère prendre l’avertissement au sérieux s’attendant à voir surgir un moine furieux, non plus armé du bâton de croix comme frère Jean des Entommeures contre Picrochole, mais des instruments à feu bien sophistiqués dont la vue seule oblige à courber l’échine. Dans nos sociétés modernes, où l’État confisque la violence légitime, domestique les mœurs, les signes des blessures physiques voire mortelles qui pourraient être infligées à ceux qui franchissent une frontière inviolable restent présents partout : fils barbelés, fils électriques, tessons de bouteille… La clôture blesse d’abord le regard en formulant l’interdiction. Il ne nous aura pas échappé que, dans notre abbaye du pays Cathare, c’est en anglais que l’on peut lire la menace. Elle serait davantage prise au sérieux encore dans un pays où le port d’armes est légal, par exemple. En France, on pense à frère Jean, on sait que le moine grivois au long nez est aussi un farceur et qu’il n’aspire qu’à un idéal de vie en communauté où chacun fait ce qui lui plaît, en paix.
texte qui donne à réfléchir. Merci
un début intéressant, on imagine ainsi de petits flashs qui se succèderaient, ça m’évoque un peu les pérégrinations de JC Bailly, dans le dépaysement je crois