#40 jours #36 | lettre aux morts



Messieurs, mesdames et mesautres, je m’adresse ici aux absents, à tous les enterrés, incinérés, noyés, amputés, décapités, donneurs d’organes, cérébrolésés, déshydratés, j’ai une triste nouvelle à vous communiquer : il n’y a plus de perpétuité ; s’il reste un peu d’éternité elle serait à chercher du côté moléculaire, qui rime richement avec séculaire, voire atomique, chichement avec nique, votre dernière demeure était ma foi un leurre elle comptait pour du beurre, vos dernières volontés ont été bafouées, votre dernier souffle souffleté, vos concessions rétrécies à l’eau de lois iniques, à l’aune d’une surpopulation hypermétrique, attendez-vous à être déplacés, à ce que vos os soient broyés moulus pour en faire de l’engrais, afin de nourrir ceux qui bientôt vous remplaceront, si la Révolution vous avait envoyé hors des murs de la cité, il y aura désormais de nouvelles procédures à inventer, des rites neufs à pondre, dès lors est-ce être fétichiste que de revendiquer un endroit où prière d’adresser nos mots manquants ?

6 commentaires à propos de “#40 jours #36 | lettre aux morts”

  1. Belle idée, belle lettre, belle réflexion. Et ces mots qui nous entraînent. J’ai beaucoup aimé.