Dans le lieu sans lieu de mon cerveau. Nulle part ailleurs. Et surtout pas dans les cimetières que je ne visite plus depuis celui de Prague dans le quartier de Josefov où j’ai posé des cailloux, les uns sur les autres, comme des corps empilés. En lettres qui furent noires sur une plaque qui fut rouge. La tombe du cousin du grand père italien. Militant qui n’impose rien à l’Autre, le prévient seulement. « Non pregare per me. Questo è inutile. » Ailleurs, dans une île où le clergé lui a refusé le cimetière parce qu’il a écrit La dernière tentation. « Je n’espère rien, je ne crains rien, je suis libre. » Ailleurs, aux antipodes où un vieux chef man’tanna s’en va sur les pentes du volcan Yasur disperser les cendres de son vieil ami blanc, maître de la pirogue. Ici, dans un ailleurs choisi, l’ombre portée d’un mausolée murmure les rêves américains, les orgueils dérisoires et les retours définitifs. Seule la mer, nécropole mouvante, dit les noces du départ et de la vie.
La mer comme nécropole mouvante, oui. Et ces mots magnifiques : « Non pregare per me. Questo è inutile. » resteront longtemps en moi. Merci, Ugo.
Je reposte mon commentaire en le corrigeant. Merci d’effacer la précédente version, entre autres coquilles, un lapsus qui peut inquiéter à juste titre… je n’arrive toujours pas à trouver la manip de sélection et de supression sur WordPress. Merci d’avance Ugo !
« Stupéfiant de concision ton manifeste sur les sépultures aléatoires. Et j’ai d’abord lu :”Dans le lieu sans lieu de mon caveau” ! Et puis j’ai vite vu que c’était un contre-sens, dans plusieurs de tes textes j’ai trouvé cette voix d’eau et de vagues pour porter le réel. Vivre sur une île a des effets profonds. A 360 degrés on peut d’un point élevé, je pense au Monte Cinto, entrevoir le futur résolutoire qui ramène à la mer, à la mère porteuse et tueuse de bien des destins.Flotter sur elle , comme dans l’écriture, est une activité de vivant.e. Je me souviens d’une entrée de cimetière en Corse, je dois avoir la photo quelque part, elle se tenait face à la mer entre des murailles de pierres . Avec deux inscriptions sur le fronton,à l’opposé l’une de l’autre et qui m’avait marquées, mais peut-être les connais tu : OGGI TU et DOMANI ( moi ?)… c’était en Balagne je crois… mais pas sûre…
Merci Xavier, merci Marie-Thérèse. Vos textes et vos retours sont aussi porteurs que la mer. Merci.
Ce texte est magnifique.
« Dans le lieu de mon cerveau. Nulle part ailleurs » et ailleurs…