Dans notre ville, on bâtit de l’urbanité. Le nouveau chantier c’est l’humain, en continu. Les travaux publics délaissent le matériel, le vertical, le bitume, les murs en verre, les colonnes d’acier. On fore désormais à l’intérieur même du corps social, on tisse la grande toile du réseau collectif. Dans notre ville, on bâtit l’espace civilisé, on construit du lien, on déploie les codes de la reconnaissance policée, on domestique les mœurs. On rend possible l’espace de toutes les rencontres, amicales, pacifiques, fraternelles. On apaise la ville. Dans notre ville apaisée, les jardins partagés fleurissent sur les toits, les espaces citoyens poussent comme des champignons dans les quartiers, les lieux de troc se multiplient en rhizomes. La ville construit du lien social pour calmer les violences, adoucir les rancœurs, endormir les troubles. Le citadin poussé hors de son terrier domestique est invité à hanter l’espace collectif, à s’attarder près des scènes publiques sur les places, à investir les terrains de sport dans les parcs, à courir les maisons pour tous et les lieux associatifs. On fore plus profond encore dans le monde souterrain de l’intersubjectif, on ratisse large vers un nouvel humanisme. La mégalopole urbaine recompose le rapport à l’autre, le rapport de soi à l’autre, à soi avec l’autre. Les travaux publics construisent les lignes du déplacement commun, du déplacement en groupe, en transports partagés, en mobilités innovantes. On plante des stations de tram ou de métro, on fait croître les aires de covoiturages, on repique des emplacements pour trottinettes électriques, des bornes de vélos d’emprunt. Dans notre ville, on fore l’urbain en continu. On célèbre le citadin, l’humain de demain.
Ce « on » qui donne tant de force à votre texte. Merci