#40 jours #34 | Sauveterre en live

Figure 75 – Lampions – Nicole Bertin Infos, « Zucchero for ever ! » (publié le 24/07:2022) – vu le 22/08/2022

Cette année, on est retournés à Sauveterre voir un chanteur, au château. Il y avait un monde pas possible ! Mais moi, j’voyais rien. On était au milieu des gens. Il y en avait partout et on pouvait plus bouger. Et moi j’voyais rien. Ou si, ce que j’ai surtout vu, c’est des derrières. On essayait de s’avancer un peu de temps en temps. Et j’suivais, derrière. Et c’est ça qu’j’ai le plus vu, des derrières. Des petits et des gros. Et des fois j’m’en prenais un. Y a des gens qui font pas attention. En même temps personne peut me voir, surtout derrière. Mais j’sais même pas s’ils sentent quelque chose. En tout cas, moi, j’en ai pris plein la tête. Surtout avec ceux qui dansaient. Et j’me demande bien pourquoi. La musique, c’était nul. Ça résonnait et c’était trop fort. En plus on comprenait rien à ce qu’il disait le chanteur. J’sais plus comment il s’appelle. C’était pas français. En tout cas pas tout. Et puis c’était trop fort. Et puis j’voyais rien. Moi j’voulais voir le château, mais j’voyais que des derrières. Ah si, il y a eu un gendarme aussi, à mes pieds. Un petit gendarme fou qui traversait. Avec tout ce monde pas possible ! J’me demande encore il a pu arriver jusqu’à moi. J’voulais l’attraper, mais j’ai pas pu. J’ai pris un coup de derrière sur la tête. Alors j’sais pas. J’espère qu’il a réussi à traverser le petit gendarme. Si ça se trouve, il a pas trouvé son chemin. Avec tout ce monde il pouvait pas voir. En plus que la nuit elle arrivait. Si ça se trouve il a tourné en rond autour des pieds. Des centaines et des milliers et même des millions de pieds si ça se trouve. Ou alors il s’est fait écraser. Y a des chances quand même. Surtout quand on voit rien, qu’on sait pas où on va. J’laurais bien suivi, j’me serais bien échapper en le suivant. Mais j’étais trop gros. Même tout petit comme j’suis, tellement qu’on m’voit pas, j’étais trop gros. Impossible de passer avec tout ce monde. On était trop serré. J’aurais pris un autre coup de derrière. Et des fois, on m’marchait sur les pieds. Tellement qu’une fois j’ai crié. Devant le monsieur s’est retourné il a parlé mais j’ai rien entendu. C’était trop fort la musique on s’entendait pas parler. Juste papa qu’a dit, j’crois : « C’est rien, y a eu plus de peur que d’moi. » C’est à ce moment-là qu’il m’a soulevé et que j’me suis retrouvé sur ses épaules. J’sortais enfin de tous ces derrières, et j’allais enfin voir le château ! Eh ben non ! Nul ! J’étais au-dessus des têtes, et le château il était caché par la scène du chanteur ! Un grand cube noir avec des lumières partout et de toutes les couleurs. J’en ai pris plein les yeux de la lumière. Et de la musique aussi. Avec toutes ces guitares, le piano, des gros violons et des trompettes tordues. Et le chanteur il courait partout là-dedans. Et même, il a sauté dans le monde, sur les têtes. On l’a retenu avec les mains. Et même, on l’a fait glisser sur les têtes comme ça, avec les mains. Et il roulait comme dans une vague. Et le batteur, à un moment, il a joué tout seul à toute vitesse. Ça pétait de partout et les gens il criaient, on s’entendait pas. Et le château on voyait rien. J’voyais mieux l’entrée de la petite rue par où on est arrivés. Juste à côté de la buvette du Coq. J’ai eu droit à un Cacolac. J’y serais bien retourné dans la petite rue. Il faisait tout noir et c’était comme un labyrinthe. Et ça faisait comme un tunnel des fois. Avec des guirlandes d’étoiles. Et là c’était pas noir, il y avait un arbre de lumière et des petites lampes oranges par terre. Et une lune, toute rose violet. Et dans un coin un monsieur avec une guitare. Juste avec sa guitare, pas des chansons. Et juste une grosse lampe pour éclairer son livre sur pied. Ou alors c’est un piano sans queue, et tu montes sur une grande chaise rose pour jouer si tu veux. Et du coup j’voulais y aller aussi dans l’autre rue en bas. La rue noire. Mais on pouvait pas, j’étais coincé là. Là-haut, au-dessus des têtes. Devant le cube noir avec les lumières qui crachent. Et dans l’autre rue en bas ç’aurait été mieux. Parce qu’y avait encore des petites lumières rouges et blanches, j’suis sûr. Avec des lumières en haut et en bas quand tu entres et tu sais pas où tu vas. Et ça fait comme un couloir. Un long couloir avec des grandes toiles d’araignées gluantes. Et y aurait une lumière sous la tête du fond. La tête a qu’un œil, où tu passes en courant. Et moi j’lui tire la langue !

Figure 76 – Spectacle de feu – photo Drôles de Rues (en ligne le 26/07/2022 sur Facebook) – le 22/08/2022

Et puis après, aussi comme une année avant, y aurait des bonhommes de toutes les couleurs dans la rue noire. C’était des madames rouges et vertes avant. Avec un gros derrière et des gros nichons en tourbillon. Et elles dansent sur un chemin avec plein de feuilles de papier rouge, jaune, bleu, vert, et y en a même une qui a l’air de s’envoler. Après, en bas, y aurait des statues en fer avec des lumières. Des statues bizarres que tu vois bouger. Mais en fait ça bouge pas. Mais si, parce que quand tu repasserais elle serait pas à la même place du mur. Mais en fait non. Et tu saurais pas si ça bouge, et qu’est-ce que c’est la statue. Sauf le squelette, avec sa main tendue. Le squelette de pirate, en bas de l’escalier. C’est tout au bout de la rue noire et après tu remontes la petite rue. Et c’est dur parce que c’est raide et c’est long. Même qu’on pourrait monter en funiculaire. Et quand t’arrives tu serais loin loin du chanteur qui saute. J’sais plus son nom, mais tu serais tout au bout du monde. Sans derrière et sans tête pour crier. C’est le début de la Grand Font, avec la grande statue quand c’est comme à New York. Avant, y avait un spectacle dans les airs. Ça faisait comme une planète rien qu’avec ses anneaux de lumière comme la lune du tunnel. Et les anneaux ils tournaient et il y avait quelqu’un qui marchait dessus. Et dessous il y en a qui dansaient sur des cordes pendues aux anneaux. Et même des fois en se lâchant. T’as l’impression qu’ils se roulaient dans la corde. Si ça se trouve ils auraient pu se pendre ! Mais c’était des étoiles filantes, en fait, parce qu’on entendait en même temps que ça sifflait avec la musique. Y a toujours un peu de musique. Même sur les murs, avec les images qui dansaient des étoiles. Et des fois c’est un dessin d’ours. Ou un cheval avec des ailes. Et un dragon. Et les images quand ça change c’est comme quand ça flotte. Il y aurait ça aussi, si ça se trouve, sur la Seûle. Parce qu’y a eu ça un jour. Quand on était sur le pont tout en bas. Sur l’eau, avec des petites lampes en papier qui flottaient. Avec les reflets des étoiles qui se balançaient au fond de l’eau. Et une fois la planète, c’était une bulle géante. Et à la Grand Font y aurait aussi le spectacle de feu. Plein de gens qui tournent autour d’un grand feu et d’un seul coup ils s’envoient du feu. Avec des bâtons enflammés et des roues en feu. Et même de la paille avec des fourches. Ils s’envoient du feu comme ça, de fourche en fourche. Et à la fin il y en a qui crachent carrément du feu. Comme des dragons. Mais là, la musique c’était trop fort. Ça faisait beaucoup de boum boum. Tellement que ça m’traversait. Comme la musique trop forte du chanteur qui se jette dans les gens qui crient. Après j’entends plus rien. Et puis t’y vois plus rien non plus avec toutes ces flammes partout. Tut vois plus que des ombres. Et c’est comme si les gens c’était ça, plus que des ombres. Et même la ville, et tu sais pas si les murs ils bougent ou quoi, avec tout ce feu. C’est comme le feu d’artifice à la fin. J’avais l’impression que le toit il bougeait. Parce que c’était sur le toit. Il y avait des guirlandes de feu qui tombaient. C’est là que j’lai vu enfin, le château, par-dessus la scène. Elle avait l’air toute petite dans son ombre éclairée. Mais les murs, ils arrêtaient pas de bouger avec le feu qui coulait. Et puis après c’était le toit. Avec les fusées à gauche, les fusées à droite, les flèches des tours qui apparaissaient et puis tu les vois plus. Et boum ! et boum ! Et ça partait comme des étoiles filantes en sifflant. Et ça crépitait aussi. En or, en argent. Et ça fusait en rose violet. Et le château tu voyais son ombre et tu vois plus rien. Et ses flèches elles scintillaient de toutes les couleurs. Et c’est bizarre parce qu’au début, tu vois, t’entends rien. Et c’est quand tu vois plus rien que tu l’entends, le grand boum ! Et même à la fin, quand y a plus rien à voir. Ou quand tu sais qu’y a plus qu’un grand nuage de fumée qui arrive au-dessus de ta tête. Parce que tu l’sens le brûlé. Depuis le début tu sens la fumée. Mais tu la vois pas. Juste des fois avec les grandes fleurs de lumière. Les grandes lignes d’or et d’argent dans la nuit. Mais quand tu les vois plus, à la fin, c’est bizarre t’entends encore que ça explose dans tous les sens, le bouquet.

Figure 77 – Bouquet – photo Drôles de Rues (en ligne le 31/07/2018 sur Facebook) – vu le 22/08/2022

A propos de Will

Formateur dans une structure associative (en matière de savoirs de base), amateur de bien des choses en vrac (trop, comme tous les grands rêveurs), écrivailleur à mes heures perdues (la plupart dans le labyrinthe Tiers Livre), twitteur du dimanche sur un compte Facebook en berne (Will Book ne respecte pas toujours « les Standards de la communauté »), blogueur éphémère sur un site fantôme (willweb.unblog.fr, comme pas fait exprès).