L’enfant fait du vélo dans la grange. Il n’a pas osé enlever les petites roues. Dehors, il pleut. L’enfant zigzague un peu, il freine beaucoup, il y a trop peu de place pour aller vite, il ne faut pas rouler sur l’herbe, il ne faut pas renverser ce bidon avec des clous dedans et ensuite crever les pneus du vélo, il ne faut pas aller trop près des vaches dont les têtes noires sortent du mur pour lécher le maïs au sol, alors l’enfant roule lentement avec son vélo dans la grange, il met souvent le pied à terre, il n’est pas prêt à enlever les petites roues. Les vaches ne lèchent plus le sol, elles le regardent, cet enfant sur son vélo, elles le regardent avec méchanceté et l’enfant roule le plus loin possible d’elles, il frôle l’autre mur, mais il s’est trop rapproché du mur, il n’a pas vu la manivelle avec le câble et il est tombé et en se relevant le voilà face au perroquet. Ce n’est pas un vrai perroquet, bien sûr, c’est un dessin de perroquet avec plein de couleurs, il aime bien ce dessin, l’enfant, mais il en a aussi un peu peur. Il se retourne : les vaches le dévisagent. Le revoilà face au perroquet. Il a l’impression que quelque chose a bougé dans le dessin.
Un texte de l’intranquillité.
Quelque chose a bougé. Mais quoi ? Le réel ?
Merci Vincent pour tes textes toujours très sensibles !