Deux immeubles face à face et un centre commercial surplombent la grande place bétonnée. Plantes et arbustes croissent dans des jardinières en ciment. On se presse dans les allées avant d’entrer dans le supermarché. Au septième étage de l’immeuble de droite, un palier en L distribue trois portes identiques. Le lino orange au sol vient d’être posé, l’odeur de colle récente est prenante. Deux portes se trouvent à côté de l’ascenseur tandis que la troisième en est éloignée. Il faut tourner à droite et parcourir quelques mètres pour l’atteindre. De cette porte, il est impossible de voir l’ascenseur qui est caché par un mur large de la taille d’un homme adulte. Le matin, le jeune R, cartable sur le dos, sort de l’appartement, embrasse sa mère, sur le seuil, puis se dirige vers l’ascenseur. Il appuie sur le bouton, recule et attend. Sa mère lui demande s’il n’a rien oublié et attend dans l’encadré de la porte. Elle empêche le chien de sortir. Elle veille à bien tenir la lourde porte palière, car elle n’a pas les clés sur elle. Le jeune R attend l’ascenseur. Il entend que quelqu’un le prend dans les étages inférieurs. Il sait qu’il doit attendre que la personne soit sortie de l’ascenseur au rez-de-chaussée. Il entend les câbles rouler dans la cage. Il regarde sa mère et lui sourit un peu gêné, il ne sait plus quoi lui dire. Elle le regarde et inspecte sa tenue. L’ascenseur arrive, la porte s’ouvre. Le jeune R entre dans la cabine. Madame M ferme la porte, quand son fils crie de l’autre côté du mur, elle ne sait pas quoi faire, la porte, le chien. Un deuxième cri plus affolé la fige sur place, elle a peur et ne peut presque pas bouger, elle se ressaisit, ouvre la porte à la volée. Son fils dépasse à moitié du mur, son autre moitié semble être retenue derrière, comme s’il était tiré par l’ascenseur — Qu’est-ce qu’il y a ?
Une histoire très bien écrite.
On ne se doute de rien avant la distorsion du réel.
Angoissant !
Merci Romain.