Elle s’engouffre dans un immeuble. Une plaque en métal émaillé indique le numéro, quarante-deux. La lourde porte en bois se referme lentement derrière elle, laissant entrevoir dans la lumière du hall un escalier, large, bordé d’une rampe toute en arabesques de fer forgé. La façade est parcourue par un balcon dont une partie déborde de plantes indistinctes dans la nuit. Les lampadaires n’éclairent plus. Le jardin public de l’autre côté de la rue est silencieux, juste un léger bruissement de feuilles. Il n’y a pas de vent. Une fenêtre s’allume au deuxième étage à gauche. Une silhouette à travers un voile blanc. La sienne. Elle disparait. Dans la rue, deux immeubles plus haut, une porte s’ouvre, une lourde porte en bois. Elle se referme lentement laissant entrevoir des vitraux de couleurs vives dans la lumière du hall avant qu’un homme surgisse et se glisse dans la noirceur de la rue. Il la descend jusqu’au numéro quarante-deux, ralentit jette un coup d’œil autour de lui, traverse et escalade la grille du jardin dans lequel il disparaît. Une voiture remonte la rue. C’est une Panhard. Elle ralentit en passant devant le quarante-deux. Le chauffeur baisse la vitre, passe la tête hors du véhicule et scrute l’obscurité tout en dirigeant la voiture du bout des doigts. Il avance ainsi jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière le virage. On entend son moteur tourner encore quelques temps. Le silence. La fenêtre toujours éclairée. De temps en temps la silhouette. Un chat noir surgit du jardin, traverse la rue à toute allure en poussant un cri de rage, poursuivi par un autre chat. Ils disparaissent derrière les grilles d’une cour. Le silence. La silhouette devant la fenêtre. Elle regarde vers le jardin ? L’homme dans le jardin, tapi. La Panhard repasse lentement. Il est minuit.
Tout ça est-il bien réel ?
Merci Claudine pour ton texte énigmatique !