Elle n’avait jamais été la rivière apeurée. Enfant, jamais elle n’avait craint d’entrer dans la mer. Dans l’océan, elle était poissons et mammifères à la fois, algues, vagues, phoques, coquillages, embruns, libre. L’eau était sienne qui prenait possession de son corps tout entier offert. Lui, son contraire, avait peur de l’océan et, sournois, le cachait. Plus âgé qu’elle, il jouait à l’adulte,à celui qui sait, à celui qui impose, à celui qui attire, à celui qui repousse. Les rochers qui les accueillaient, plats et doux, avaient gardé la chaleur de toute une journée. L’océan revenait vers la terre. Il était temps de rentrer. Elle ne voulait plus nager. Elle n’eut pas le temps de résister à sa demande.
Intrigant et ouvert, plein d’images et de sensations, c’est un très beau texte.
Mais Ugo, « c’est une pépite » dirait ma petite fille. Concis, fort, on voit bien et tout de suite et puis… C’est plus condensé qu’un fragment, c’est toi quoi.
C’est beau, ( donne l’envie d’entrer dans l’eau et pour qui nage si mal c’est comme un rêve). Et inquiétant. La rivière apeurée? comme une alerte? A quelle demande n’aura-t-elle pu résister? Merci Ugo pour ce fragment comme un caillou