C’est la nuit c’est en ville. Il est tard. C’est une fille qui marche seule dans la nuit dans une ville. Le trajet est éclairé mais pas trop. Elle avance sur de grands axes mais pas trop. Reste à couvert mais pas trop. Rase les murs mais pas trop. Ne pas trop jouer à se faire peur. Ne pas trop passer par des passages dérobés. Toujours ça sent fort l’urine d’humain ou de chien. Ne pas croiser des silhouettes qui marmonnent ou soliloquent sinon se mettre à parler à voix haute aussi pour faire comme les ombres pour exister comme une ombre. Quelque chose m’a frôlé, non ? J’ai cru que quelque chose m’avait frôlé parce que quelque chose vole, non ? Qu’est ce qui vole en ville la nuit ? Avancer pas besoin de se raconter des histoires une fille qui marche seule dans la nuit c’est déjà toute une histoire il faut activer le cerveau reptilien même si pas besoin à quoi ça servira un cerveau face à des gros bras on verra la lumière la-bas mais avant le tunnel coeur serré réfléchir vite. Au bout du tunnel le retour de la lumière et derrière, l’entrée de la caverne soit il y a quelque chose soit il ya quelqu’un soit il n’y a rien. Avancer. Juste avant les forêts. Dans une ville inconnue pas de trajet de nuit c’est à l’intérieur que s’invente les trajets. En regardant par la fenêtre d’autres fenêtres derrière lesquelles n’apparaissent pas de silhouettes ou rarement ou une fois peut-être un rideau tenu par une main.
Beau texte inquiet où la bascule du réel est prête à tout instant à s’actionner.
Merci Lea !