Elle glisse ses paumes tièdes sous le bas du dos de la patiente, appuie légèrement du bout des doigts sur… – où êtes-vous là, demande justement la patiente, – sur le rein, répond la praticienne d’un ton sûr et dégagé… L’intensité de la douleur est inversement proportionnelle à la délicatesse du geste – avec quel humour Daniel Pennac aurait-il raconté la scène dans son Journal d’un corps ? Elle s’attarde maintenant sur les vertèbres de la base de la colonne et explique avec précision l’attache du diaphragme, non seulement sur la cage thoracique mais aussi sur les trois premières lombaires, et comment le muscle respiratoire tellement sollicité durant l’hiver a occasionné les soubresauts répétés des vertèbres et autant de souffrances – Manu Larcenet aurait talentueusement dessiné ce faisceau de longues lanières musculeuses, le carré des Lombes, le psoas et jusqu’au visage de la patiente qui à cet instant-même s’interroge à son propos tout en appréciant les lents étirements infligés dans cette partie de son corps par l’ostéopathe consciencieuse… Et au même moment, c’est le Traité des gestes de Charles Dantzig qui s’impose à la mémoire – sous quel intitulé aurait-il réuni ces palpations exploratoires ?