Un centre d’accueil pour les demandeurs d’asile, il est immense, c’est une ancienne caserne du milieu du XIXe, style néo-Tudor, immense portail flanqué de deux tours octogonales, tu passes devant vers 7h00 un matin et tu aperçois une rangée de matelas avec des gens qui dorment dessus le long du mur qui jouxte l’entrée, effroi. Des années durant une femme roumaine avec son petit garçon était assise à deux pas de l’entrée de ton bureau, elle attendait qu’on lui donne quelque chose, des gens s’attardaient, des collègues roumains lui parlaient, des gens lui donnaient un café, un peu de nourriture, la police a tenté d’intervenir, mais elle revenait, le matin un homme en voiture la déposait le matin et revenait la chercher le soir, cette femme c’était son boulot d’être assise là par tous les temps, effroi. Un jour, tu es en voiture, c’est vert pour toi, tu démarres lentement, une femme brûle le feu rouge, tu as failli te la prendre, effroi. Ta ville n’a pas la culture du vélo, les cyclistes tantôt utilisent les pistes cyclables ou les tronçons qui leur sont réservés, tantôt serpentent entre les voitures, parfois avec un enfant sur un petit siège entre eux et le guidon ou dans un frêle habitacle à l’avant ou à l’arrière du vélo, inquiétude ; ils roulent sur les trottoirs, grimpent dessus en bifurquant brusquement sur le passage pour piéton alors que tu t’apprêtais à traverser, effroi. Ils ont bombardé une centrale nucléaire en Ukraine, on ne sait pas qui l’a fait et peu importe, effroi.