L’odeur dans les ruelles, le crépitement des branches dévorées, puis de la fenêtre, les flammes proches, les pans de terre en cendre, et tout le monde sait, toi non, qui est le pyromane : effroi.
Les enfants sont comme chez eux dans le bar des mafieux, le patron leur sourit, accueille chaleureusement tout le monde, les enseignants y emmènent pour une sortie les élèves manger une glace : effroi.
Elle accouchera d’ici peu. On est presque certain de la croiser où que l’on aille, dans sa voiture, c’est elle qui fait les livraisons de came aux clients : effroi.
Ils sont usés, reviennent à pied de la gare à la nuit, portant les sacs plastiques chargés des courses. Ils ont pris une des maisons qui risquent de s’effondrer. Ils doivent passer outre les rubans de signalisation pour rentrer chez eux : effroi.
Il a recommencé à fumer, parle plus vite, saute des passages dans son raisonnement, parle longuement sans laisser l’autre répondre, il est emporté par son éloquence qui le rassure, il a une nouvelle compagne plus jeune que lui, jolie, je la vois grise, l’un tuera l’autre : effroi.
Elle descend la rue en hurlant, je vous tuerai tous, je vous tuerai tous, le mari reste au bar, elle va vers l’appartement, la petite sera là ou bien dehors, sauvée, cherchant la compagnie des enfants plus grands : effroi.
Il m’arrête chaque fois que je le croise devant chez lui, il s’appuie sur sa béquille et m’entretient, sa vie passée, la rancune de toute une vie contre la voisine, je peine à suivre, des mots manquent, d’autres sont mal prononcés, c’est l’été, midi, traînant son pied bot, il monte très lentement dans sa voiture, au démarrage elle cahote, les freins crissent, elle avance au ralenti au milieu de la rue : effroi.
Il ne reste à l’écart, jamais accompagné, il sort de son sac les pétards, les pistolets de plastique, il se filme en mimant des truands, il insère des punaises sur les projectiles de mousse, il est encore sur la place vide maintenant, dans la nuit, il donne de l’argent aux autres pour qu’ils jouent avec lui : effroi.
Ils ont une pièce, c’était une cave, une porte sur la rue, une fenêtre trop étroite pour l’emprunter pour se sauver. Lui est dehors. De l’autre côté de la rue, un amas de vieux objets, une décharge presque, avec des bibelots sales, à demi-cassés, les indigènes s’arrêtent, parfois achètent. Il est là toute la journée, il traverse, pour aller prendre une lampée de vin, son verre reste au bord de la fenêtre, il a un kyste sur la gorge, son rire découvre sa bouche édentée, béante : effroi.
Descriptions lapidaires d’où l’effroi émerge avec d’autant plus de force. Merci !
merci!
Un effroi provoqué par la vue de cette réalité dure, de ces êtres brisés, un effroi provoqué par un monde bien réel. Bravo, (je ne sais jamais si le mot bravo convient, c’est une façon de dire: ton texte est bon, il secoue le lecteur.)
merci!
Oh oui ! Effrois ! Portraits reçus sans gilet parabole … réalisme cruel
Bravo!
Merci!
Tes versets sont sans concession. On y lit de la pitié.
Merci pour ton dur et beau texte, Tristan !
Merci
Un effroi au plus près des choses. Comme juste à portée de regard. Qui nous attrape. Merci
Merci à toi!