Ville poisseuse et glauque sous un soleil malade ; ville empestant la bière et le vomi ; ville prison, lourde de mort ; ville labyrinthe, idéale pour les meurtres et les vengeances ; ville enlisée dans la boue de l’hiver, où invraisemblablement tout le monde se connait et se rencontre, ville aux troquets remplis de bière et d’informations malveillantes ; ville souterraine où l’on boit sa honte ; ville carte postale, il n’y en pas ; ville corrompue par le vice et l’intrigue, ville affairée sous le bruit des fêtes et des faux-semblants ; ville en convulsion, effervescente ; ville tremblante de pluie et de visages ; ville incendiée par la colère ; ville d’où on part parce que l’on n’en peut plus ; ville idéologique très pratique ; ville froide, croulant sous la neige ; ville port de détresse, aux vies à la dérive ; ville aux cent yeux pervers ; ville qui exclut, qui ne tue que le bonheur ; ville qui regarde le ciel, les musiciens en bas sortent des bars de jazz au petit matin ; villes suburbaines faites de malheurs au quotidien ; ville aux maisons suffocantes à plafonds bas où l’on se venge, rend des comptes, parle, parle, parle, parle, jusqu’à l’usure des mots ; villes thermales qui donnent la fièvre ; ville austère et mystérieuse, protégeant ses secrets par des remparts de pierre ; villes où l’étranger ne pénètre pas, qui ségréguent au nom de Dieu ; ville où on essaie de construire en vain une tour qui touche le ciel.
Magnifique énumération de villes !
Le fait de les enchaîner accentue l’impression de noirceur et de perversion.
Merci Helena pour ce beau texte sombre !
Merci, Fil ! En effet, je ne me souvenais d’aucune ville tranquille. Mes lectures doivent être bien sombres, oui ! 🙂
beaucoup de malheur dans tes villes quand même… je vais retenir « la ville qui regarde le ciel » et tes musiciens de jazz
soutien total en tout cas
Merci, Françoise. Mes villes broient du noir, signe des temps. Et je ne savais pas encore le contenu de la 33 !
Magnifique !! tout surgit dans l’étonnement, visions catapultes dressées en statues féroces, j’aime, je scande, j’apprends, ces villes à dire et à proclamer sur places publiques, les pieds nus dans les pieds des villes, les joues plates, la tomette rouge où l’on s’assoit, les pavés grouillants à chanter par terre ! Merci Helena pour cette force donnée
Merci, infiniment, Françoise, pour ton commentaire si beau !
J’aime ta litanie des villes.
Merci, Nathalie ! Litanie est bien le mot !
Les commentaires précédents disent bien l’énergie sombre qui émane de ce texte, prélude à la 33… Merci Helena !
Merci, Laure ! Se libérer de la noirceur pour faire entrer un peu de lumière, bien nécessaire ces temps-ci !
une avalanche de villes, un torrent. Merci
Merci Danielle !