Mes souvenirs de ville dans mes lectures sont tellement lacunaires. S’échapper de la ville ? Peut-être la ville est-elle partout ? Je ferme les yeux et fouille dans les pages. Elles tournent les pages. Elle m’évente. Des zooms la repoussent. Cela s’ouvrirait sur des sons de trompes, un survol peplumesque sur une cité où descendrait Athéna pour susurrer à l’oreille ou apparaitre dans le coin sombre d’une chambre ou dans le songe même. Villes intérieures et leurs réseaux de communications qu’étudie, aujourd’hui, la nouvelle archéologie pour établir la fonction d’un quartier dont il ne reste que les fondations :
Le bar restaurant du cinéma un jour d’orage à Qauhnahuac. Le comptoir, les mains, les verres et les conversations, la moiteur du lieu et des échanges. Une place au sol recouvert de sable dans cette petite ville du sud des États-Unis, il fait chaud, il attend sur le siège de sa voiture, la mule somnolente. Dans ce cercle torride étouffant au centre de la petite ville le poids d’un drame, d’une fatalité. Les villas ceintes de hauts murs, les unes après les autres distribuées par un réseau de rues-couloirs, cachant la croissance des statues. L’auberge, première étape à l’entrée de la ville, terminus de la malle-poste. L’ancien palais vénitien à quelques pas de la piazza San Marco, en dessous d’une fenêtre vide, son jardin enclos à refleurir. Pas loin, un hôtel où se joue plusieurs scènes en simultané, de retour d’une promenade matinale, d’une déambulation mentale, dans les ruelles et sur les ponts de la cité lacustre. Une rue étroite, un immeuble en face d’un autre tellement proche, ils se touchent presque. Toute la vie est dans cet immeuble, l’école est au dernier étage. La colonne Morris sur le chemin du parc, au bas des Champs-Élysées, l’apparition des voitures à cheval que ce détail appelle. La ville fortifiée au pied de laquelle se déroule un tournoi, couleurs, géométrie, âpre. La cité perdue, rêvée, jamais retrouvée, pour laquelle disparaître au milieu de l’Amazonie.
Quel bouquet de souvenirs de villes !
Il m’entraîne en tournant…
Merci Romain !
Une farandole de lieux où on voudrait bien se poser, rêver, imaginer…
Merci Romain
géométrie et folie des villes
du coup s’élève de ton texte la voix d’Enrico Caruso et les images toujours violentes du fleuve Amazone…