Londres bien avant Dublin. Parce que Conan Doyle bien avant Joyce.Mais loin, très loin, la modeste rue du quartier italien. Elle avait un nom qui pouvait faire penser à l’Egypte alors qu’il n’en était rien. Pour lui, loin, très loin, les livres n’étaient pas des livres sur les étagères de son grand-père typographe. Des leviers, des boutons à presser, des commandes à activer pour contrôler le navire sous-marin qu’il s’ inventait. Loin encore, dans la même ville prétentieuse, une ruelle étroite, l’étal de livres d’occasion, un plein de poches deux fois par semaine.Fallet, Queneau, Calet, Cendrars. Et Verlaine et Rimbaud. Dans la même ville qu’il hait, l’angoisse dépressive d’un père qui décide de couvrir méthodiquement chaque livre de poche d’un velour adhésif. Il n’y eut plus que des pavés droits, des verts ou des marrons, indistinguables, perdus à jamais. Des pavés droits, des cubes, des tours, qui veulent trouer la terre, percer le ciel, manger la mer. Il sait qu’il a peur et cette peur l’effraie.
Parler de la distance des souvenirs. Et de la peur. La question de nos souvenirs de lecture prend immédiatement plus de matière.
« Pour lui, loin, très loin, les livres n’étaient pas des livres sur les étagères de son grand-père typographe. Des leviers, des boutons à presser, des commandes à activer pour contrôler le navire sous-marin qu’il s’ inventait. » c’est beau . et le « velours adhésif » du père… il y a donc aussi des livres pas ouverts qui nous hantent.
Merci pour Conan Doyle dont je ne me souvenais plus dans ma tentative yeux fermés et pour le reste.