J’ai longtemps lu et beaucoup. Sans aucun intérêt pour les détails d’une maison, encore moins d’une ville. M’importaient les « vrais gens », je voulais dire les gens dans la vraie vie, pratique, de tous les jours. C’est-à-dire ceux qui vivaient vraiment. Mais comment font-ils, que disent-ils, comment se fait-il qu’ils arrivent à.
Ça a commencé peut-être avec « L’homme qui tombe » et les Twin towers de 2001. Une conscience de la ville un début de pensée de son existence propre liée à la nôtre. Puis les articles dans les journaux parlant de Berlin, Liverpool, Santiago du Chili, Mexico, Brasilia selon les livres que je lisais. Et les voyages des enfants, ils ont commencé à me faire sentir ce qu’ils découvraient à Amsterdam, pas les monuments mais une ambiance spéciale, à Paris, souvent ils y sont allés, retournés, encore et encore, à l’aise pour y circuler, connaissant le métro, les transports en général, les lieux sympa. J’ai senti ce qu’était un ancrage dans une ville. Celle où je vivais, jamais je ne l’ai vraiment vue, des œillères, même un refus d’être de quelque part. Si, il y a eu aussi ces histoires de Lise, Eva qui a accroché avec Kafka, Simon, Jeremy, une page ou une page et demie par chapitre, deux cent chapitres, en boucle les quatre ou six personnes se débattant avec leur vie, souvent en Banlieue ou à Paris, passant de rue en rue de quartier en quartier, les jardins du Luxembourg aussi bien que le RER ou un grand glacier très chic. J’aurais dù noter tous ces lieux dans mes lectures au fil des ans, je pourrai faire le plan de Paris de mémoire, enfin presque. Elle avait marché longtemps dans Paris, traversé la ville, marché dans la banlieue, elle voulait sentir l’espace avec les pieds. Lui, ailleurs, j’ai vu le film mais pas encore lu le livre de Tarkos, il marche longtemps lui aussi, la nuit, il invective un passant, supplie un autre, crie sa rage son désarroi, il voit dans la nuit noire, s’accroche aux lampadaires seul dans cette ville si grande. Et celui qui, obligé de quitter son métier d’éducateur pour suivre sa compagne, et se retrouve dans un abattoir les mains dans la viande et le froid toute la journée, la vie et le travail la bouffant à force de fatigue et de dégout. Et puis celui qui a vécu si longtemps à l’étranger et revient chez lui, à Paris, pour être sûr qu’il n’est plus celui qu’il y avait été.
Merci pour ces vie et ces villes.
grand merci, Laurent.
« J’ai longtemps lu et beaucoup. Sans aucun intérêt pour les détails d’une maison, encore moins d’une ville. M’importaient les “vrais gens”, je voulais dire les gens dans la vraie vie, pratique, de tous les jours. C’est-à-dire ceux qui vivaient vraiment. »
Parcours similaire, je me sens moins seule à vouloir puiser dans ces « instants de vie » dans cet Atelier, ne me sentant pas à mon aise à ne décrire que des volumes, des accélérations, des « vignettes » postales numériques, des situations qui ne viennent pas de mon « arrère-pays » mental très peuplé… « Ecouter l’autre , c’est le faire exister » nous a dit un jour Charles JULIET, je crois que j’ai choisi mon style d’approche et peut-être mon camp ( d’une certaine manière ). « La vérité n’est pas dans les paysages » c’est le même qui rajoute cela dans un poème. Merci de nous reparler en filigrane de Joseph PONTHUS, que j’ai eu la chance d’entendre à la Doua peu avant sa disparition au moment de la sortie de son livre.
Merci pour ce beau textes et tous les souvenirs qu’il retient !
Erreur de case, mais cela s’applique au commentaire !
Je te remercie de me faire des retours, Helena. ( Je peux continuer, plus sereine.)
Marie-thérèse, Merci d’avoir lu. Mais mon premier paragraphe n’est pas un rejet de l’exercice : C’est l’explication de mon trajet que je trouve incomplet. Je suis très contente de suivre cet atelier.
J’aime beaucoup comment nait cette attention à la ville, qui n’exclut pas les gens. Ce passage vers elle, avec l’écroulement des tours et les voyages des enfants.