Ce qu’il y a derrière moi s’efface comme un chemin qui se referme, l’oubli fait disparaître les lauriers de la grille bleue, comme la pluie dilue les traces d’un crime, on marche avec la certitude de ce qui s’est passé ne troublera en rien l’équilibre du monde, on marche en accumulant les paysages, les villes, les enseignes colorées, les trottoirs où tous s’apprêtent à traverser la rue, on marche en ayant perdu le repère des étoiles, on parcourt le jardin nocturne comme après une secousse violente qui nous aurait désorientés. On marche l’esprit vide de regard. On a des mémoires floues faites des mémoires des autres. Ce souvenir ne m’appartient pas, jamais je ne pourrai me rappeler de ce vieux à sa fenêtre au ras du sol contemplant les pierres blanches de la chaussée. Si je voulais retrouver mon chemin dans les méandres des ruelles croisées, je ne pourrai plus, elles se ressemblent toutes. J’ai le corps traversé d’indifférence comme d’autres l’ont criblé de balles. Et je regarde sans un cri.
La consigne m'a fait m'a fait découvrir beaucoup impasses, alors...
Helena, ton texte est très émouvant.
C’est une séquence du cinéma de l’oubli.
Merci pour cette belle et grave lecture !
Merci, Fil ! Texte écrit en désespoir de cause mais qui m’a permis de m’approcher d’un sujet que je n’ai pas encore osé aborder. Merci encore pour ton soutien !
« On marche l’esprit vide de regard. On a des mémoires floues faites des mémoires des autres. »
« Et je regarde sans un cri. »
La condensation du texte exprime l’inutilité de broder sur des drames transmis. Les héberger le temps d’une pensée de compassion suffit. Même si l’on sait qu’à chaque encoignure de la mémoire se tiennent des silhouettes indélébiles. Merci Héléna !
Je n’ai jamais été bonne à développer, de là les formes plus courtes. Et puis quand c’est dur à dire, cela devient encore plus court. 🙂
Merci pour ta lecture qui saisit si bien !
Et bien pour moi, c’est impactant dans ce format et suffisant, chère Héléna !
Merci, cela m’encourage à poursuivre !
« J’ai le corps traversé d’indifférence. On marche l’esprit vide de regard. On a des mémoires floues faites des mémoires des autres ». Sans un bruit le mystère de la mémoire absente en soi sans nous appartenir. C’est beau merci
Merci, Jen ! Votre retour me touche beaucoup !
Ce souvenir ne m’appartient pas, jamais je ne pourrai me rappeler de ce vieux à sa fenêtre au ras du sol contemplant les pierres blanches de la chaussée. Si je voulais retrouver mon chemin dans les méandres des ruelles croisées, je ne pourrai plus, elles se ressemblent toutes.
Merci, peu, parfois c’est beaucoup.
Merci, Laurent !
« jamais je ne pourrai me rappeler de ce vieux à sa fenêtre au ras du sol contemplant les pierres blanches de la chaussée. » c’est beau merci Helena
Merci, Nathalie !
Oua! Une pépite ce petit texte! Merci Helena!
Merci, Marie-Caroline ! Heureuse qu’il t’ait plu !
(« la grille bleue et l’odeur des lauriers » : je partage son souvenir) quel texte dis… ! bravo !!
Décor du sud ! Merci, Piero !
Tout un départ, ce texte. Oui, les mémoires floues, si riches, si pleines.
Merci, Emmanuelle !
tout porte les stigmates du drame
la lecture d’un livre qui a profondément marqué, comme
Vie et Destin de Vassili Grossman, ai mis des mois à recouvrer la vue d’un réel brut sans mémoire
Merci beaucoup pour ces corps traversés, c’est très puissant
Beaucoup d’émotion à la lecture de ce texte. C’est très fort. Merci.
Merci infiniment, Solange !