#40jours #31 | Le télescope du gardien de cimetière

Film muet en 7 Plans.

Monsieur Arsène Gazoduc vient de prendre son poste de nuit au Cimetière Loyasse.

Gros plan sur son trousseau de clés qu’il agite devant la serrure du portail principal.

La caméra filme par l’arrière ses pieds qui le mènent vers un mur mal éclairé.

Elle remonte jusqu’au boîtier de l’alarme qu’il est en train de désactiver

Gros plan sur une porte en fer qu’il ouvre en deux temps trois mouvements (la caméra suit)

Plan noir on ne sait plus ce qui se passe ( 10 secondes)

Plan américain sur le gardien qui pose sa veste sur un cintre qu’il pend sur le rebord d’un placard de vestiaire en fer (on distingue mal la couleur) . Il la défroisse du dos de la main ( droite)

Il s’assoit et la caméra fait un zoom sur l’objet allongé qu’il pose sur la table (on en voit qu’un morceau.Zoom arrière et travelling de gauche à droite pour évaluer la longueur de l’objet). Il s’agit d’une housse noire dont il sort ce qui apparait immédiatement comme un télescope avec trois pieds rétractables ( le caméraman a acheté le même à la FNAC l’année dernière).

Le reportage de nuit va consister à observer une constellation particulière dans le ciel.

Non ! Le reportage va consister à observer le travail de nuit d’un gardien de nuit en relation éventuelle avec des vampires de passage.

La nuit il n’a pas grand chose à faire puisque les morts ne posent pas trop de problèmes.

Ce film est une commande de reportage sur la vie des gardiens de cimetière et éventuellement des vampires s’il s’en présente en même temps que des moustiques sous le lampadaire de l’entrée.

La caméraman consciencieux décide d »extraire des diapositives à partir du tournage ( 7 lui paraissent suffisantes pour donner une idée du travail du gardien astrophysicien amateur qu’il ne dénoncera pas ) il l’enregistre sur une clé USB pour Monsieur Arsène Gazoduc qui le remercie. (La caméra le filme en train de hocher la tête avec un sourire en signe de gratitude)

La nuit a paru longue au caméraman qui a néanmoins salué son hôte très élégamment.

Gros plan sur les gestes d’adieu des deux hommes.

Selfie sur le visage déçu du caméraman qui s’en va et qui n’a pas pu filmer de vampire.

Codicille :

Les sept clichés ci-dessous correspondent à sa prestation subventionnée par le Ministère des affaires funèbres et fantastiques. Pour valoir ce que de droit.

LTDGDC 1
LTDGDC 2
LTDGDC 3
LTDGDC 4
LTDGDC 5
LTDGDC6 (au lever du soleil )
LTDGDC 7

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.

2 commentaires à propos de “#40jours #31 | Le télescope du gardien de cimetière”

  1. très amusant…
    et j’aime les indications entre parenthèses
    et j’aime ce codicille génial, maillages indéfinissables pareils à des végétaux ou des nuages cosmiques

    • YoOO h ! Si tu me dis encore un truc gentil, je te dis (rien qu’à toi ) d’où vient l’image, c’est une devinette ! Un indice : elle est scientifique et rebidouillée par mon caméraman.