On n’entend pas le bruit des roues métalliques sur les rails, ni celui des wagons secoués. On n’entend rien. On n’a pas le droit. Alors on décrit. La voiture de troisième classe bruyante de bruits qu’on n’entendra pas non plus mais qu’on devine à la populace qui s’y sert, qui y parle. On n’entendra pas les poules caqueter dans les cages emportées pour le marché. On n’entendra pas non plus les rires et les voix fortes du retour que les quelques canons bus après avoir vendu les poules renforcent encore. On n’entendra rien de tout ça. On saura juste que ça se passe dans le train du retour. Le train qui s’ébranle part de la ville qu’on dit noire pour aller à une autre ville, plus petite, moins noire, aux confins des montagnes. Et là, il faudra marcher une paire d’heures encore, arriver à la nuit. Mais tout à l’heure. Là, la locomotive s’ébranle, lentement, parce qu’elle ne peut pas faire plus vite. Un coup de sifflet à dû donner le signal du départ mais on n’en sait rien. Pas de panneau non plus. La fumée obscurcit par vagues la vue que l’on a des maisons qui défilent. C’est vrai, elles sont noires. On voit des enfants qui jouent sur le talus et saluent le train qui passe. On revient dans le wagon, les corps sont tout sauf assoupis. Les têtes sont coiffées, casquettes et fichus. Les sacs posés aux pieds sont lourds de provisions qu’il faut bien faire. Le train avance vers l’ouest, on voit le soleil plonger entre les monts, voilé par la fumée de la locomotive. Un peu plus tard, le train accélère, il sort de la ville longe une rivière, passe devant quelques maisons espacées. Les vaches le regardent aussi, chassant les mouches de leur queue. On voit le train un instant du point de vue d’une vache dont on est derrière les cornes et le train qui semble les traverser de la gauche vers la droite. Les vaches ne meuglent pas ou si elles meuglent on ne les entend pas.
Panneau noir:
Attention, changement de train
Changement de livre
« Dans un des wagons de troisième, dès l’aube, deux passagers s’étaient retrouvés face à face, près de la fenêtre – tous deux des hommes jeunes, tous deux quasiment sans bagages, tous deux habillés sans recherche, tous deux assez remarquablement typés et qui, tous deux, avaient finalement éprouvé le désir d’engager la conversation l’un avec l’autre. S’ils avaient su tous deux qui étaient l’un et l’autre, et ce qui les rendait si remarquables à cet instant, ils auraient eu de quoi s’étonner, bien sûr, de ce que le hasard les eût placés si étrangement l’un en face de l’autre dans ce wagon de troisième »
Mais ça, c’est de la littérature.
Un peu provoc le film muet du TGV et sa chute « pas pour les idiots ». Sauter sur la consigne dès la gare, ça aide ?
J’ai changé la chute Marie-Thérèse
Tu as lu trop vite.
pour la consigne, je ne sais pas si ça aide, mais je l’ai écoutée en attendant le train en effet 🙂