Induction 1 : catabase
Le voyage aux Enfers est réservé aux dieux et aux héros, il touche aux espaces les plus enfouis de ce que nous sommes. Il fait l’objet d’un long récit chez Sénèque dans son Hercule furieux. Pourquoi rappeler si longuement cet exploit au moment où le personnage sera frappé de fureur et subira le plus grand des malheurs ? C’est de l’instant où le héros rend les armes pour connaître l’apaisement qu’il est question. La tragédie nous dit que le malheur finit par se lasser.
Induction 2 : rue de la Rousselle, Bordeaux
Montaigne a habité plusieurs années cette rue où les immeubles menacent de s’effondrer. J’aime penser qu’il hante encore les lieux. Il doit être inquiet. Le facteur subjectif est la caractéristique essentielle de son écriture, envisagée comme l’essai qu’on fait de soi-même. On s’essaye, on voit ce que l’on peut explorer, on navigue sur la balançoire du réel.
Induction 3 : Paris
Qu’est-ce que Baudelaire retient de la ville de Paris ? Il est intéressé par les toits ou les pavés des vieux faubourgs. Son regard se pose sur les marginaux qui peuplent la capitale. Il ne voit pas la pompe et le faste de la grande ville. Paris n’est pas un décor dans ses poèmes, Paris existe dans l’expérience du monde vécu.
Induction 4 : Brive, Corrèze
Dans les récits de Pierre Bergounioux, le temps et l’espace sont confondus. Le temps livre ses secrets grâce à la mémoire de la pierre, la mémoire des murs. Quand celle-ci est grise et sombre, elle affecte l’âme, elle nourrit la mélancolie. On comprend le rôle déterminant du lieu, l’expérience de l’enfant, sur l’écriture.
Proposition induite :
Partir de soi pour explorer le partage commun. Chanter la vulnérabilité, le malheur, la consolation. Inscrire une forme mouvante dans l’écriture pour ouvrir une quête perpétuelle, la recherche jamais achevée de la connaissance. S’inscrire dans la marge en voulant montrer ce qui à l’œil échappe d’abord. Chercher dans le monde extérieur, déceler les traces de sauvagerie, comprendre ce qui, dans l’espace, conduit à l’être primitif.
Merci c’est très beau. Cette promenade inspirante nous dit continuez de vous plonger dans les livres. C’est salvateur.
« La tragédie nous dit que le malheur finit par se lasser. » J’y crois.
Oui c’est salvateur. On s’y reconnaît ici. C’est salvateur aussi.
« Partir de soi pour explorer le partage commun. » Vos textes en sont le reflet. Merci