Beauté qui habite la ville n’a pas d’adresse pas de lieu où résider elle erre par les rues visible seulement les nuits assez noires pour illuminer les rêves. La nuit sœur de beauté habite la ville chaque trottoir sous chaque lampadaire laisse trace de passage contre une aumône aux vents. Beauté des façades sans charme usées de pluie comme larmes de dieux bannis tant amère demeure la ville par les pauvres habitée. Tu es là ma sœur nuit lasse au petit matin abandonnée de toute beauté au creux de la ville d’or de misère.
Elle essaie d’oublier son cauchemar celui qui la réveille en pleine nuit dont elle ne se souvient de rien sinon sa vérité. Drap mêlés de fièvres de remords du souvenir du fils hier demeure encore puisqu’il était là. Échos de voix dans la cuisine nue ces vieilles discussions d’odeur rance de réchauffé s’accrochent autour de l’évier en croûte impossible d’entièrement. Frotte frotte mais la tache non pas de sang de viscères mais de ventre donné vomi jamais ne s’efface. Vivre puisqu’il le faut avec lui au ventre.
En un seul jour de deuil elle enfouit tout ce qu’elle aimait sous son lit. Mémoire devenue cadavre embaumé clés cadres lettres acouphènes sourires et ce geste qu’elle avait de replacer ses cheveux derrière l’oreille.
Trouve tout ce dont tu as besoin dans le coffre rouillé. Sors tout ce dont tu as besoin secoue la poussière ça n’a pas servi. Étale tout ce dont tu as besoin sur le plancher rincé gratté nuit après nuit d’orages. Contemple tout ce dont tu as besoin à la lumière crue de l’ampoule avec le dessin des ombres noires comme des tombes. Attache tout ce dont tu as besoin bien noué avec la corde. Descends l’escalier tenant dans ta main la cohorte de tes besoins enlacés. Dans la rue déserte ne te retourne pas sinon tu sais c’est l’enfer.
Se faire une piqûre pour se donner la lèpre bouteille après bouteille travail rigoureux. Boire sans fin sa lèpre humble orgueil où ramper sa carcasse au trottoir rendue. Lécher goutte à goutte vin de lèpre vin de misère vin d’oubli aiguisant la mémoire de ce qui ne fut pas cette douleur née-avec comme d’autre naissent pied bot. Chanter chanter le soir quand le soleil s’efface derrière les toits quand devenir toutes les nuits roi de cette ville.
« tant amère demeure la ville par les pauvres habitée » ça aurait pu être dit par un certain Léo. Ton texte m’a beaucoup touché Merci Juliette.
Merci de ton retour, Véronique.
Juliette, je trouve ton texte très bien écrit et très poétique !
Merci pour ce beau moment de lecture !
« En un seul jour de deuil elle enfouit tout ce qu’elle aimait sous son lit. Mémoire devenue cadavre embaumé clés cadres lettres acouphènes sourires et ce geste qu’elle avait de replacer ses cheveux derrière l’oreille. » c’est si beau merci