Le type porte un costume américain – trop court des jambes – étazunien – dans les marrons une chemise bleu – il fait chaud (ces pays exotiques, quelle plaie) – en bas de l’avenue, il y a le garage, il gare son Oldsmobile vert d’eau dans la cour, là le patron vient qui l’accueille chaleureusement (le patron porte une cravate, cheveux gominés raie sur le côté, sourire et peau bronzée grêlée) – ils se connaissent depuis la guerre, ils se savent coriaces, ils se serrent la main; ils montent au bureau, là le patron présente son neveu qui travaille ici depuis quelques mois, c’est son bras droit, il porte des lunettes d’écaille et un sourire magnifique, des oreilles décollées, un costume de lin beige sur une chemise blanche – il est huit heures du matin et on négocie pour l’achat et la représentation import dans tout le Maghreb d’une marque de pneus – le type est assis (sur l’un des fauteuils chesterfield cuir marron, parfaitement assorti au costume) oui un café il veut bien, il a croisé ses jambes, ils parlent, le patron sourit – une blague, une négociation, qui donne qui prend qui reçoit qui choisit, on parle encore, au téléphone le jeune type aux lunettes d’écaille apprend qu’il est de nouveau papa (« le quatrième ! Et un garçon ? Mais félicitations mon Gilo ! » fait le patron, il le prend dans ses bras) – le type boit son café, ce n’est pas qu’il soit agacé mais il n’a pas le temps de s’apitoyer – on discute à nouveau, quelques dizaines de milliers de pièces par an, oui, une remise, une date – tourisme poids lourds tracteurs oui – on signe – on se serre la main. Le type va s’en aller mais le jeune neveu du patron le rattrape, et lui parle, on discute à nouveau, dans la cour du garage, un des mécanos porte une jante – le représentant est remonté dans sa voiture verte, son costume marron, il manœuvre, s’en va – un signe de la main au neveu du patron. Neuf heures du matin, le soleil commence à assommer ce petit monde, on est en juin, ce n’est que le début. Le type aux lunettes d’écaille remonte au bureau, il sourit à son oncle : oui c’est arrangé, oui. Il va aller retrouver sa femme à la clinique, il prend la Vauxhall, il reviendra en fin de matinée. À nouveau, son oncle le prend dans ses bras : il est un peu comme le fils qu’il n’a pas eu, et dans son esprit, l’avenir est assuré.
aime beaucoup les pantalons, la météo, l’ambiance, tiens mon père a eu une Oldsmobile mais elle était blanche, faut que je t’envoie la photo y a Pierrot devant avec un chapeau cloche, c’est à Montréal…
(magnifique: elle sera dans le journal demain) merci à toi
« Il porte des lunettes d’écaille et un sourire magnifique.., » le neveu . On les voit bien tous. On pourrait chercher les habits et tourner
(zeugme hein) – des couleurs tendres, bien sûr – merci à toi
Alors le Simenon des colonies et OSS 117 m’ont pas mal parasité la lecture. (C’était drôle, mais bon…)
ça en a un petit air (quoi que simenon faisait un peu plus dans le libidinal – et bruce aussi remarque) (merci à toi)
Oui, la scène est prête, on n’a plus qu’à filmer ! Ne laisse pas partir ces personnages. 🙂 Tellement bien !
Helena merci pour la lecture