Tu peux pas garder ces vieilles frusques puantes. Il faut acheter quelque chose à te mettre il a dit. Quoi ? Acheter ! Il m’a emmenée dans une rue nouvelle, une rue folle de couleurs et toutes portes ouvertes, une rue chantante et tonitruante ou de fausses femmes sans tête s’agglutinaient derrière les parois vitrées. On est rentré. Il a choisi une robe verte sur un portant métallique parmi des dizaines d’autres. Pourquoi celle-là lui ai-je demandé ? La couleur t’ira bien il a dit je me demande bien ce qu’il entendait par là. Il en a choisi deux autres, une multicolore toute petite et une jaune très encombrante . Pourquoi celles-ci lui ai-je demandé ? Elles devraient bien t’aller aussi. Elles ressemblaient si peu à la première que je me demandais quelle loi régissait ce qui va et ne va pas. J’ai tâté les tissus, je veux la verte ai-je dit. Pourquoi m’a-t’il dit ? Elle est plus douce ai-je répondu. Il m’a conduit derrière un rideau qu’il a tiré sur moi, maintenant essaye-les… Je me suis retrouvée avec ces trois robes enfermée dans un endroit où l’on peut à peine se mouvoir, je m’y sentais mal, je ne savais pas quoi faire de ces robes, je n’ai jamais mis de robes, comment met-on une robe ? J’ai tourné la verte dans tous les sens, j’ai mis mes jambes dedans, et puis je suis restée coincée comme ça le derrière en l’air et ne sachant plus quoi faire. Comment fait-on? ai-je demandé. Comment fait-on quoi ? a-t-il répondu. Je ne sais pas faire, ai-je pleuré. Tu ne sais pas quoi ? Mettre la robe. Il est entré, c’était vraiment très exigu pour nous deux. Il faut ouvrir la glissière a-t’il dit. La quoi? Il s’est emparé d’un minuscule petit bout de métal pendu à la robe et il l’a ouverte en deux. C’est un drôle de couteau ai-je dit. Non c’est une glissière a-t-il répondu. Lève les bras maintenant. J’ai levé les bras. Il a enfilé la robe sur mon corps, j’étais comme un couteau glissé dans un fourreau. Le tissu me caressait en passant. Mets ta main là. A-t-il dit ? Où ça ? ai-je répondu. Dans ce trou a-t-il dit et j’ai du me tordre un peu pour passer ma main dans le trou, et l’autre là a-t-il dit. Comment ça ai-je répondu c’est pas possible, si si, mets ta main, je vais t’aider. J’ai mis la main, la robe s’est redressée sur mon corps, il a refermé la glissière dans mon dos, ça a fait un petit bruit joli. Je me sens serrée. je ne respire pas bien là-dedans ai-je dit. Tu es belle, a-t-il répondu. Oui mais je suis mal à l’aise, ai-je insisté.Je t’assure qu’elle te va très bien, a-t-il répondu. Regarde-toi dans le miroir. Dans le quoi ?
idées de protocole : acheter une robe toute seule, trouver toutes les façons de détourner une robe, conseiller un homme sur l’achat d’un pantalon….etc
Yeap ! Merci Danièle, ne lâchons pas les protocoles mais 10 ans de chronique mode, j’ai eu mon lot sur les nippes et quoi en faire!
Quel texte étrange, Catherine !
J’en suis tout retourné…
Merci pour cette étrangeté !
Merci Fil, oui c’est en rapport avec un chantier étrange
Vraiment drôle (d’autant que moi non plus je n’aime pas les robes…)
très bien mené et troublant à la fois
merci Catherine
ah mais moi je les aime! Merci Françoise de ton passage et de ton commentaire
C’est à la fois drôle, étrange et émouvant. J’y penserai quand j’essaierai une robe
Oui merci Muriel que ça ne te cache pas le plaisir!
Le commentaire de Fil, même si je suis une femme. Merci.
euh que veux tu dire Anne ? Pas compris…
C’est très drôle, ce petit personnage complètement balloté, très vivant, on adhère, on s’identifie.