Jour de marché tu t’en vas traîner tes basques avec un casque à boulons (t’as trop bu la veille pardi !) c’est une ville intranquille que tu prends par la main
En traînant comme un gosse ta déprime
et ta ville intérieure
Tes soucis jamais tus, l’image terne que renvoie le cours d’eaux des journées
V’la la flemme qui suffoque, l’illusoire réussite
Ta paresse ton ombre tes embruns
ton temps d’orage à petites doses, la courte échelle et les averses
L’absence d’envie comme une balade mécanique dans un couloir d’immeuble
Où tu n’as même pas vu le voisin rentrer chez lui après vingt heures
La mécanique des heures et la pâleur de tout
Et pourtant voilà l’marché et ses gueulards, le beaux tee-shirts tout colorés
Les bords de Seine qui puent pardi
où s’agenouillent bien tranquilles toute une cohorte de péniches
Te tendent au passage une assiette à saucisses avec sa bière et sa moutarde
Le nez rouge du clown, le rideau se détache, les panneaux coulissent et la cale est une scène où dansent les papis après la cathédrale, les petits pas tressautent et gaillardent sur les planches, entraînant vagues et remous
sur les bords de la Seine l’écrevisse est bonne ! Vaille le hautbois rehaussé d’électrique
tous les cousins vivent de ruches et de gâteaux, fromage au miel, fromage aux chênes et aux forêts
les prénoms multicolores font chanter les sauces et les patates qu’on rissole avec du lard
Sors donc le bandonéon ! et fais sauter la guinguette sur les stands aux abeilles
Le ciel est un vaste chou-fleur, alors fais frire la clarinette,
toi de la ville, perdu dans tes pensées
Entends la ville neuve qui te cause en gaillarde
à farcir de folie son festival d’oubli ! Allez goûte goûte goûte
un peu de miel au bout des doigts et des tee-shirts tout plein les stands fouille de la tête leur fraîcheur insolite ils viennent de si loin ces beaux tissus bariolés je plonge ma tête nue dans les fatras de couleurs à me réincarner en patron qui donnerait le LA aux futurs créateurs moi un modèle non c’est possible ça ? avec un tee-shirt qui sent l’iode et le sel et tombe en pâmoison dans un filet comme seraient tombés du camion des marques et des faux cils qu’on recopie sans mal, comme toi tu devrais faire, à recopier la joie sans mal, pour faire du vrai dans le battant, allez venez monsieur approchez approchez…
Très beau texte Françoise, très empreint de musique et musical lui-même.
Merci beaucoup !
Merci vivement Fil… je me régale avec vos textes !!!
d’accord on danse… !
Tellement vivant (survivant ?). J’ai le casque à boulons vissé sur la tête et le cerveau qui a besoin de doubles interlignes pour respirer. Et un peu de miel au bout des doigts. J’ai adoré.