Tu as déménagé ou quoi ? Et aux questions des visiteurs du blog as-tu répondu ? Les réponses ? Plantées? Ratissées ? Les arbres des petites collines, il y a des conseils pour eux ? Si les troncs pouvaient parler, ils diraient quoi ? Tu ne pourrais pas parler pour eux ? Parler d’eux aussi ? Parler pour deux ? Ou plus ? Revenir au pays de la marge, tu comprends ? Et expliquer un peu pourquoi tu es là et puis plus là mais là quand même, la preuve c’est que je n’avais pas prévu d’en parler et j’en parle, tu comprends ? Les espaces verts tu trouves ça simple ? Compliqué ? Tu es déjà revenu marcher la nuit respirer les fleurs qui ont poussé depuis que tu les as plantées ? Tu vois ce que je veux dire ? Revenir ? Tu penses quoi de ceux qui ont fait un massif sous les fenêtres du rez-de-chaussée ? Et le gazon japonais ? Ça vaut le déplacement ? La cité, tu y penses encore ? Pourquoi on ne te voit plus ? C’est l’âge ou quoi ? C’est la guerre d’ailleurs qui t’éloigne des espaces verts ? Tu crois vraiment qu’elle tétanise tout, même les arbres ? Ils se taisent à cause de ça tu crois ? Et toi tu fais comme eux peut-être ? Est-ce que tu ne serais pas devenu un arbre des petites collines ? Un qui préfère se taire parce qu’il en a trop dit ? Trop fait, trop vu peut-être ? Et l’idée de semer des graines à la volée dans le quotidien, c’est bizarre ? Ou pas ? Inutile tu crois ? Tu as l’expérience : la meilleure saison, c’est laquelle ? Celle qui pousse à l’intérieur ? Drôle de question non ? Est-ce que ça correspond ? Un hiver au-dedans n’est-il pas printemps à un autre endroit ? On pourrait semer du blé dans les creux des petites collines, non ? Jamais ça ne t’a traversé l’esprit ? Tu ne trouves pas que c’est compliqué de parler du blé ? Quand les jeunes achètent du pain tu crois qu’ils savent comment on fait pour en arriver à ce qu’ils achètent chez Paul ? Sur ton blog si tu le reprenais, tu pourrais aborder la question, non ? Dire comment ça se passe en pleine terre tu pourrais ? Et leur proposer d’essayer de faire tu pourrais ? Essayer de faire ils pourraient ? Montrer avec tes dessins comment le grain semble se désintégrer quand il est en terre ? Tu pourrais ? Et le lien entre les espaces verts et les moissons, ça existe ? On pourrait y penser ? C’est comme les tonnes de grains bloqués dans les bateaux : on pourrait imaginer quoi pour que les bateaux partent vers les pays de la faim ? Imaginer ça servirait à quoi ? Multiplier les pages du petit journal aux caricatures en parlant des moissons piétinées, ça vaudrait le coup d’essayer ? Ça t’arrive la nuit de dériver dans tes espaces verts en toute liberté ? Ou de refaire les petites collines sans les cratères des obus ? Ou de comparer les quartiers fracassés de là-bas avec la cité d’ici ? C’est quoi ces questions de la nuit ? Elles vont où ? Et toi ? Un déménagement ? Un transfert ? Des espaces verts que tu soignes ailleurs entre deux alertes ? Tu ne te serais pas réfugié ailleurs par hasard ? Tu es devenu qui ? Réfugié tout court ? C’est qui toi ?
Une sorte de réquisitoire soft, qui m’a fait sourire au détour des phrases interrogatives.
Merci Christine pour ce beau moment de lecture !