sept juillet
je préférerais ne pas aller dans le dur – en réalité je le tais – c’est au soleil, il fait beau, la maison est à sa place – en février mars, il pleut, nuages, pas de plage mais à présent c’est l’été – voilà un moment que le soleil a pris le dessus et quand il cogne, ce n’est pas une plaisanterie – on peut en attraper la nausée, on peut même mourir noyé à cause de lui – ne pas aller se baigner avant d’avoir digéré, commencer par se mouiller la nuque, le ventre, commencer doucement – c’est sans histoire c’est juste là « allez les enfants on va à la plage… ! – quoi encore ? – ne discutez pas » – il y a cette façon de n’en faire qu’un de ces quatre enfants – il y a cette manière de penser d’abord à eux – la maison, puis le déménagement, puis enfin la fuite, le départ, des siècles de présence qui cessent tout à coup – des tombes qui restent là (qui les entretiendrait ?) des immeubles des propriétés des commerces – je préférerais mais c’est assez difficile à ne pas concevoir : alors des aides, des conciliabules, des conseils de famille pourquoi pas ? la maison est blanche, c’est une villa aux volets bleus, c’est en ville tout en n’y étant pas, il y a au bas de l’avenue qui n’en est plus une cette petite anse si on se penche un peu vers l’horizon, on découvre là-bas, de l’autre côté de la baie, des myriades de petites miettes blanches dans le vert et le beige du paysage dominé par le mont, les oliviers sont comme les vignes rangés au loin, il fait chaud toujours, toujours chaud, un short une chemise des sandales, l’eau n’est pas une ennemie, salée elle serre les pores, on la goutte au poignet, on sèche sur le chemin du retour et on y retournera vers six heures, « dépêchez-vous » quand les ombres des arbres auront un peu grandi, à la sortie des termes des petits mômes vendront des lampes à huile authentiquement romaines – non, pas de drame s’il te plaît, ne va pas en faire toute une histoire, pour le moment, on a faim on va manger – il fait chaud, on se hâte un peu, bien obligé avec ces petits cailloux, ces moments-là pour qu’on s’en souvienne – ne pas avoir à expliquer pourquoi il s’en était lui allé quelques mois avant sa famille, ne pas avoir à expliquer pourquoi tout ce monde-là s’en allait – à A. le mois suivant, une après-midi on avait décidé d’aller à la mer, il y avait là une sorte de plage et ses galets, son eau gisant à des kilomètres au delà de l’horizon, là-bas si loin, non on n’y va pas – de toutes façons elle sera froide il faut faire attention, il y avait là un soleil peut-être un peu chiche, il était là, je me souviens de ses bras blancs mais à demi-bronzés, il portait un marcel en débardeur sans manche blanc tout autant, ses lunettes d’écaille et son sourire un peu désolé – non, ça la plage ? ces pierres rondes et lisses qui font mal aux pieds ? non, comme au Touquet un autre jour, le goudron bitume rouge de ces longues allées inutiles parallèles à la plage, cette mer qui s’en va – qui laisse derrière elle ces bâches – retenues dans des creux du sable – non la mer ça ? ça ne fait rien, à A. il y avait un jardin plus grand, des orties sans doute qu’on coupait au sécateur en portant des gants de cuisine rosâtre – non, mais non, je crois que j’aurais sans doute préféré ne pas (partir)
ici à compléter (pas eu le temps - trop à faire) petit à petit dans l'atelier les diverses histoires et personnages qu'il faudra développer (ou pas) dans une suite (s'il y a lieu) de cette exploration d'un mois qui durerait quarante jours (quarante nuits)
Rappel de quelques unes des histoires racontées
0. un vieil homme dort assis au Wepler
on emmène le vieil indien du 24
l’arménien en costume clair assis aux bar des Amis
l’oiseau blanc sur la lagune (Venise)
le voyage de Y. et C. vers le Pakistan
1. le clavier pour apprendre la dactylo (l’un des métiers, plus tard, de J.)
2. la maison le garage les autos
https://www.tierslivre.net/ateliers/coriolis/
la famille de J.et la famille de G.
la maison de A.
3. la rue Dora Bruder à Sevran, la rue Patrick Modiano à Bessancourt
4. l’avenue qui va à la plage
derrière les rochers
le palais du président (deux images du président et des sols du palais)
5. tomber en amour
le nom de famille
la date du départ
la maison chez Djé : première étape
la station service, madame … et Jojo son fils
6. Venise (Lilicub)
la carte du tendre
7. la force du destin
la relation de G. à son père
on partirait pour toujours
la sagesse est la forme la plus accomplie de l’ardeur
8. jamais trop aimé la nuit
la jetée, Orly
le premier soir sur ce continent
la 403 bleu nuit
9. le type sur son vélo regarde passerla4 chevaux un peu folle
La bonne
le départ de O. (ou D.)
le peintre à la chaux et au bleu clair
Jeanne B. et sa papeterie
Habib au garage
R. et sa voiture, G. et les pneumatiques
la mère de G.
la famille et les autres villas de l’avenue
le boulanger Mikal qui passer
la maison au Belvédère
10. ces deux-là
les chansons dans la chambre verte
travail à l’usine et dans les dépôts
sa mère et son père son mari à elle
un seul àNabeul, deux cents en tout
11. la guerre de G.conduite de camions et de motos
la date du transfert et son numéro
la maison perdue
et puis sa santé à lui
les loyers de la maison
la patrie,mais quelle patrie ?
12. l’école et la station-service
Jojo, sa mère (et son père)
13. acheter un chapeau en arrivant en vacances
la respiration sur ce continent
la couleur de la peau
les vacances en 4L en Bretagne
14. son travail à la maison à A. Mais il n’est pas là
le petit poisson de son porte-clés
le Portugal et les 3 F
superstition croyance religion foi
le passeport pour toute la famille
15. la loi contre l’avortement aux US
Izabel morte en Pologne
le jeune type qui défouraille aux US
Shoah le film
16. la résidence dans la maison à la Marsa
E. et son travail et sa SFIO
son cabinet noir et la vaccination contre la polyo
sur cette époque-là où les deux avaient vingt ans
prendre des cours d’arabe à l’Inalco
17. tenir une maison
les fleurs de F. pour M. avant leur mariage
O. et ses divers emplois couture déco
18. à partir de Nice côte d’Azur
le cadre irruption du travail à la Sceta
au lycée apprendre l’arabe
19. le départ de son père
le calendrier indomptable
les chansons du cours de théâtre de O.
G. et son petit poisson d’argent
20. O. et les rideaux du salon
O. et ses pourboires mirobolants
O. et les courses du Bon Marché qu’elle nous donnait
O. dans l’avion qui s’envole
21. les travaux en cours café TEC
les chansons - Habib au garage; Hadji le coiffeur à domicile;Michèle Morgan et Dario Moreno
les autres récits textes ouvroirs (Norma, le parc, Aldo, DF et le reste encore)
le père de G. était l’avocat du père de J. dans l’entre-deux-guerres
21bis. Simone(s)
22. le truquiste J-Y et sa compagne Magui
le cinéma et le mouvement du cadre
la critique du cinéma
dans la jeunesse de G. Et de J. ils n’avaient la possibilité de voir que des films US
l’avenue coupée et transformée en impasse
la plage qui n’existe plus
23. la vérité des souvenirs reconstitués
des images de Bourguiba et De Gaulle en uniforme
la révolution de jasmin comme celle des œillets
partir d’ici aller à Tarente puis à Auschwitz, par le TGM
partir pour toujours
24. les données topographiques (et politiques)
le protocole de la famille
qu’est-ce que « le dur » ?
l’important, c’est l’amour (qu’ils se portaient, lui et elle; qu’ils portaient, lui et elle, à leurs enfants ; qu’on porte, nous autres, à ceux qu’on aime)
25. partir 1 : le départ de G.au début de l’année
la famille de G.
le goût des gros mots
les amies de J.
Nice ces temps-ci (Geneviève Legay et l’attentat du 14 juillet 2016)
le voyage de 2012
26. partir 2 : taire le dur
les baignades forcées
celle de la côte d’Opale
Beaucoup aimé les deux textes « partir », mais celui-ci particulièrement me fait ressentir une nostalgie, comme si j’avais vécu les moments que tu décris.
je n’ai pas lu partir1, mais j’ai glissé dans le 2 comme dans l’eau tiède et salée
un drame sous-jacent, cette sensation
très beau, description, ambiance, penser aux enfants, aux tombes dont personne ne s’occupera plus tard
quand il y a la mer, il y a souvent des noyades (je viens d’un pays atlantique et je sais cela), mais rien n’est arrivé, tout de même cette peur…