Tous les jours il se promène le long du canal avec son chien. Ils se ressemblent un peu tous les deux, ils sont lents et grisonnants. C’est un chien de chasse, il aimerait sûrement aller chercher les canards flottants dans l’eau et le ventre en l’air. Mais son maître ne chasse pas, il nourrit les canards. Tous les matins, il distribue du pain aux volatiles. Ils le reconnaissent. Il en est fier. Il leur jette de gros morceaux de pains rassis, et pendant plusieurs centaines de mètres, toute une famille de colvert cancane des remerciements. Tous les jours il recommence. Il sort de son pavillon à Perigny, il a quelques mètres à faire pour rejoindre le chemin de halage. Il détache Charles. Il porte un sac en plastique blanc à son bras gauche. Aujourd’hui, ce matin de septembre, il est vêtu d’une chemisette rayée de bleu et de blanc, d’un pantalon gris et il est chaussé de ses chaussures de randonnée légères et marrons. Il a des cheveux gris, ceux qui entourent sa calvitie, et il porte des lunettes à monture fine. Son parcours est connu, il part de la rue des écoles, il continue jusqu’à la passerelle de la crèche, puis jusqu’au pont de l’écluse et là il traverse sur le petit pont en bois et il fait le chemin inverse sur l’autre rive. Charles le précède de quelques mètres, il renifle le passage des poules d’eau, les crottes de ragondins, et les traces laissées par ses congénères. Ils étaient au milieu du chemin de retour, sur la rive qui longe la voie ferrée. Charles ne voulait plus avancer, il voulait aller dans l’eau, il cherchait un passage pour sauter. Cela arrivait quelques fois, les restes d’une carrière frustrée de chasseur. L’homme s’est approché pour attacher le chien. Quand il s’est baissé pour accrocher la laisse, il a regardé sous les branchages qui baignaient dans l’eau verte. Il a vu deux chaussures noires qui flottaient sous la surface, après les chaussures, il devinait un Jean. Il s’est redressé rapidement, un frisson a parcouru son dos et il a juste dit : merde. Il est rentré chez lui d’un pas rapide, Charles suivait tiré par la laisse. En rentrant, il a posé son sac, il y avait encore du pain à l’intérieur. Il a appelé les gendarmes.
Merci Laurent c’est hyper prenant
et ces dernières lignes où tout se vit en boucle (sans être raconté)
c’est dur quand on devine avec lui et qu’on voit les chaussures
et toi aussi, tu fais dans la belle chute…
je constate que tu es toi aussi dans le portrait finalement avec cette proposition (je viens juste de lire Catherine S)
à suivre alors…
Une belle planche pour s’envoler. Un joli brin d’air d’imagination et on est parti. Merci Laurent.
Bonsoir Laurent,
la journée d’hier est celle d’aujourd’hui qui se passait hier…
Avec toi, pas de problème, on s’y retrouve parfaitement.
Il fallait un témoin ! Tu nous le donnes !
Merci pour ces deux jours de lecture !
Savoir que fatalement il va se passer quelque chose et quand même être surpris quand ça arrive… rondement mené et on se demande … il n’y avait peut être pas que des remerciements dans le cancanement des colverts.
On sait qu’il va se passer quelque chose et on retient son souffle jusqu’au bout quand même ! Merci, Laurent !