Quand le mec au téléphone lui a raconté sa petite histoire de femme qui se faisait tabasser dans une allée du Plateau des poètes, il n’était guère enclin à la sollicitude. Il a pensé règlement de compte entre ivrognes, il a pensé font chier ! Il rentrait de congés et espérait pouvoir reprendre le boulot tranquillement. Il avait un tas d’anecdotes à raconter à ses collègues. Dans le premier camping où il s’était arrêté il avait fait la connaissance d’un drôle de loustic qui se faisait appeler Stan. Stan le magicien. Parce que, voyez-vous, non seulement il était magicien, mais balaise, avec ça! On a pas mal déboulé ensemble et on s’est bien marrés … et Stan avait disparu en emportant quelques affaires dérobées dans les tentes et les bungalows.
Ce n’était pas une bagarre entre ivrognes. Non ! Le mec il insistait et s’énervait. Il était prêt à faire un scandale si personne ne bougeait dans ce putain de commissariat. Non il n’avait pas bu ! Il était à la rue oui, mais il ne buvait pas, non ! Il travaillait. Au marché le matin, il aidait à vider les camionnettes et à charger les étals de coquillages et quand le marché était terminé il rembarquait les invendus et nettoyait la place – payé à la semaine – et à l’entrepôt de cars d’une compagnie privée à vingt heures, où il faisait le ménage et lavait les véhicules. Ça lui permettait de manger, d’aller à la piscine deux fois par semaine où il entretenait sa forme et où il prenait une douche et à payer la blanchisserie. Il avait quelques affaires rangées dans une valise qu’il trimbalait avec lui. Il était à la rue depuis deux mois. Pour le moment il ne le vivait pas trop mal parce que c’était l’été et il se disait qu’il aimait dormir à la belle étoile. Mais cette nuit… ces cris… cette femme… il ne sait même pas si elle est morte… il se remit à hurler dans le téléphone.
Moi aussi j’ai fait apparaître un magicien de mon foulard de chiromancienne. C’est dans mon texte qui apparaîtra bien après le vôtre, dans les engoulevents de la nuit. Merci pour cet apéritif du vendredi soir. C’était bien agréable bien que l’histoire semble effroyable
Ce drame me parle. Bittéroise?
Oui… mes vingt premières années, avec comme aire de jeux le Plateau des poètes en bordure duquel j’habitais. Il fait partie des souvenirs marquants de l’enfance. Merci de votre lecture